• J'aime particulièrement ce chapitre. Pourquoi ? J'en sais trop rien, peut être parce que c'est surtout à partir de ce moment que j'ai vraiment commencé à explorer les sentiments de Kaelle et sa relation aux personnages. D'ailleurs, quand on parle de relation aux personnages, je galère un peu sur ce texte: je dois les faire évoluer, créer des liens, mais au final, il m'arrive de faire des pages et des pages où il ne se passe... absolument rien... (pas de panique, c'est le soucis du chapitre 10 pour le moment... J'ai largement le temps de le re travailler d'ici sa publication). Ce texte, bien que cent fois plus élaboré que la première histoire (je trouve), est aussi bien plus compliqué à mettre en place. Mais si je m'en sors bien (et je DOIS m'en sortir bien ! Perfectionnisme oblige), je pense que ça fera un truc plutôt cool. Oui, je sais, je me lance des fleurs, mais l'air de rien, je ne suis pas facilement satisfaite de ce que j'écris. Cette série (peut on parler de série quand il n'y a que deux histoires ? )est l'une des rares histoire dont je suis particulièrement fière. Peut être est-ce aussi du fait que c'est la seule qui a reçu pas mal de commentaires positifs, qui sait. (noooon je ne vous invite à peine pas à commenter....)

    Bon bon bon, je vous laisse à votre lecture. Et passez de bonnes fêtes !

     

    Emilie Simon "Le vieil amant"

     

     

    Ma nouvelle chambre d’hôtel était plus petite que l’ancienne. J’avais même pas ouvert ma valise, trop occupée à réfléchir à un plan d’action.

     

    Résumons :

    *        Monsieur la Tchatche connaissait Eden. Il en sait sûrement beaucoup à son sujet, mais enlever le Pape était sans doute plus facile qu’extorquer la moindre petite information à Vendini la Tchatche.

    *       Eden est impliquée dans une explosion d’usine pas très nette.

    *        La police savait que l’affaire était louche mais tout a été étouffé. Deux hypothèses sont possibles : la première c’est qu’il s’agissait d’une attaque directe envers un concurrent du MEE (Mystérieux Employeur d’Eden). La seconde est que le MEE voulait faire disparaitre des preuves à son sujet. Dans tous les cas, j’étais sûre qu’il était derrière cette affaire. Ou alors il a juste protégé les arrières d’Eden sur une affaire lambda. Raaaahh ! Ça me gonfle ! Je peux être sûre de rien !

    *         Il y avait des gens qui enquêtaient sur cette usine. Pourquoi maintenant ? Et pourquoi cette usine ? Peut-être qu’ils sont sur la piste de cet étrange gang.

    *         Et sinon je pouvais toujours insister auprès de Daniel. Il avait travaillé assez longtemps auprès d’Eden pour connaitre quelques détails de ses affaires. C’était même son bras droit ! Ouais, Daniel la sainte nitouche était l’ancien bras droit d’Eden ! Ça en disait long sur les capacités qu’il cachait sous sa cravate !

     

    Après une looooongue réflexion, de quelques secondes, j’optai pour cette dernière piste. Je composai le numéro de Daniel.

      -Kaelle… Gronda-t-il à l’autre bout du fil.

     

    Mais je ne lui laissai pas le temps d’en dire plus. Je lâchai à toute vitesse.

      -Vendini !

     

    Silence. Je l’avais déstabilisé.

      -Qu… Quoi ?

      -J’ai été contactée par un certain Vendini. Tu connais ? Lui en tout cas il te connaît. Il dit même que tu couchais avec Eden.

     

    Daniel étouffa une insulte et je l’entendis souffler pour garder son calme.

      -Vendini est un petit mafieux sans intérêt. Il a collaboré avec nous il y a quelques années.

      -Alors pourquoi il y avait plein de photos d’Eden et d’articles sur elle, dans son bureau ? Et putain, t’as couché avec elle ?

      -Non. Je n’ai pas couché avec. Ecoute. Éloigne-toi de lui. C’est un malade. Tu ne trouveras rien sur Eden. Il te descendra à la première occasion.

      -Merde Daniel ! Quand est-ce que tu comprendras que je lâcherais pas l’affaire ?! Et vas pas me dire que toi aussi ça te bouffe pas cette histoire. Tu t’es fait manipuler par un putain de psychopathe de merde tellement tu voulais savoir son secret !

      -Et regarde où ça nous a menés ! Lâche l’affaire Kaelle !

     

    C’était la première fois que Daniel me gueulait dessus. Enfin, gueulait tout court. Mais j’avais plus d’expérience que lui dans ce domaine.

      -Va te faire foutre ! Tu m’as embarquée dans ce merdier. C’est de ta faute ! La moindre des choses est de savoir le fin mot de cette putain d’histoire !

     

    Silence. Silence. Et il me raccroche au nez. Connard !

     

    J’avais envie de hurler, de cogner, de tuer. De me défouler !

    Qu’est ce qui clochait chez ce mec ?!  Qu’est ce qui tournait pas rond dans sa foutue tête de premier de la classe ? Et me dites pas qu’il est passé à autre chose ! Il a pactisé avec un… Un… Merde ! Merde ! Merde ! Pourquoi il a tout gâché ?! Tout allait bien avant qu’il s’en aille! Alors pourquoi ?! Pourquoi j’ai dû ouvrir les yeux sur Eden ?!

     

    Saisissant un des coussins du lit, je donnai un grand coup de poing dedans. Puis recommençai encore et encore jusqu’à m’effondrer dessus en y étouffant un cri de rage.

     

    Daniel était l’ancien bras droit d’Eden. Il avait convaincu tout le monde de la trahir. Il était aussi coupable que le ténébreux de ce qu’il m’était arrivé. Il le savait. C’était pour ça que je vivais à ses frais. Pour ça qu’il s’acharnait à me rendre une vie normale.

     

    Normale. Normale ! Mais je n’ai JAMAIS eu de vie normale ! Même mon enfance ne l’était pas ! Alors qu’est-ce qu’il essaye de me faire vivre comme ça, ce con ?!

     

    Je pleurais. L’oreiller m’étouffait un peu, mais je pleurais quand même. En fait, je ne me souviens pas avoir pleuré depuis que Daniel m’a retrouvée dans la maison du ténébreux.

     

    Et putain que ça faisait du bien !

     

    Je continuais à pleurer pendant des heures. Enfin, c’est ce qu’il m’a semblé. Et j’étais tellement vidée et crevée après ça, que je m’endormis dans la foulée.

     

    Au réveil. J’avais des valises sous les yeux et j’avais faim. Mais j’étais un peu plus légère aussi. J’en avais plus rien à faire de Daniel. Qu’il aille se faire foutre. J’avais la piste de ces enquêteurs dont le clochard m’avait parlé et je ne perdrais rien à la suivre.

     

    Ma conviction se renforça sous la douche. Elle était en béton !

     

    Elle était même en acier lorsqu’on frappa à ma porte.

     

    Elle ne fut plus qu’en plâtre quand j’ouvris à Daniel.

      -Qu’est-ce que tu fous là ?

      -J’ai réfléchi. Tu avais raison.

     

    J’aurais dû sauter de joie, ou un truc comme ça. Mais j’avais juste envie de lui foutre mon poing dans la gueule.

      -Et puis comment tu m’as retrouvée ?! Je t’avais pas dit que j’avais changé d’hôtel !

      -Ton téléphone.

      -Quoi mon téléphone ?

     

    Je marquai un temps de pause, le temps de comprendre ce qu’il voulait dire. Puis écarquillai les yeux.

      -Tu me pistais ! Tu… Tu… Espèce de…

      -C’était en cas de problème. Eden faisait la même chose à l’époque, au cas où l’un d’entre nous se faisait prendre, je te rappelle. J’ai gardé l’habitude.

    Il attira mon attention sur le sachet qu’il avait en main en l’agitant sous mes yeux. Puis sur l’autre main, où deux gobelets de café reposaient sur un socle en carton.

      -J’ai apporté de quoi déjeuner. Tu me laisses entrer ?

     

    Je croisai les bras. Je crevais la dalle mais on ne m’achetait pas.

      -Je déjeune pas.

      -Bon, à défaut de déjeuner. Tu voudras sans doute savoir ce que je sais sur Vendini.

     

    Bon, ok, on pouvait m’acheter en fait.

    Ce fut comme une sorte de mot de passe. Je m’écartai et le laissai entrer. Daniel posa le café et le sac sur la table de chevet avant de s’asseoir au bord du lit.

    C’est vrai que c’était pas top pour manger, mais, personne ne pouvait nous écouter ici.

    Je restai silencieuse quelques minutes, et, finalement, craquai et pris un beignet.

      -Vous étiez sur quel genre de missions quand vous avez rencontré Vendini ?

     

    Daniel bu une gorgée de café et soupira.

      -On devait effacer des traces. Vendini avait tué un homme qui avait des liens compromettants avec notre employeur.

      -C’est tout ?

      -Nous sommes tombés sur un clan de russes qui a voulu nous faire la peau. Vendini y compris. Alors nous nous sommes alliés.

     

    Je fronçai les sourcils. Terminai mon beignet. Et sorti les photos prises chez Venditchatche avant de reprendre un beignet. Je ne pouvais plus manger de viande, alors je profitais un maximum des pâtisseries avant de tomber sur un psychopathe qui m’en dégouterait.

      -Mais je me souviens qu’on est souvent repassés à Sunset bay. Eden disait qu’elle avait des affaires à régler.

     

    Daniel ne répondit pas tout de suite. Il examinait les photos en terminant son café. J’en profitai pour m’asseoir en tailleur et  entamer mon troisième beignet.

      -Je ne sais pas non plus ce qu’elle y faisait. Elle ne voulait pas que je l’accompagne.

      -Tu crois que ça a un lien avec Vendini ?

      -C’est un malade. Je ne pense pas qu’elle soit retournée le voir.

     

    Je secouai la tête et bu une gorgée de café avant de lui faire remarquer :

      -On est tous plus ou moins malades. Sinon on aurait jamais fait ce boulot.

     

    Il ne me répondit pas, mais je vis un coin de ses lèvres s’étirer.

      -Et ce mec tout maigre sur les photos. C’est qui ? Demandais-je.

      -Un indépendant. Je n’en sais pas plus mis à part le fait qu’il a donné du fil à retordre à Vendini.

      -Et Eden ? Elle lui a donné du fil à retordre ?

      -Elle a failli lui décrocher la mâchoire, lui casser des membres, il l’a poignardée. Donc oui, en quelque sorte.

     

    Je considérai les photos un instant. C’est peut-être pour ça qu’il a des articles et des photos sur elle.

      -Je suis sûre qu’il a mené une enquête sur elle. Mais il veut rien lâcher.

      -C’est un personnage très particulier. Comme je te l’ai dit, tu n’en tireras rien et il te descendra à la première occasion.

     

    Quatrième beignet ou pas ?

      -Et tu te souviens d’avoir fait exploser une usine ici ?

     

    Quelque chose passa furtivement dans ses yeux, mais son calme légendaire était comme un masque qui ne laissait rien filtrer.

      -Un contrat comme un autre. Eden ne nous a pas expliqué les détails. Tu sais très bien que les employeurs ne veulent pas de mercenaires trop curieux.

      -J’y suis allée hier. Un clochard m’a dit que deux personnes enquêtaient dessus.

      - On n’a laissé aucune trace. C’est pas notre souci si l’employeur a des problèmes après. Répondit-il froidement.

      -Quelque chose me dit qu’Eden avait un lien avec celui-là.

      -Tu n’as rien pour le prouver.

     

    Je détestais qu’on me mette ce genre d’évidence sous le nez.

      -C’est la seule piste que j’ai pour le moment. Et puis pourquoi ces personnes enquêteraient sur cette usine alors ?

     

    Daniel haussa les épaules et passa une main dans ses cheveux blonds.

      -Si on a fait appel à nos services, c’est qu’il y avait déjà quelque chose de louche.

      -Hé ! Tu es venu pour m’aider ou me décourager ?

     

    Il s’excusa rapidement mais le mal était déjà fait. La piste de l’usine était un coup de poker. Je passai à une autre priorité qui m’avait cruellement fait défaut ces derniers temps.

      -Il me faudrait un flingue.

      -Hors de question. Il faut te faire discrète avec ta nouvelle identité.

      -Tout le monde en a une en Amérique ! Même les femmes au foyer ! Je pense pas que j’attirerais trop l’attention !

     

    Mais Daniel n’était toujours pas convaincu. Il croisa les bras sur son torse et secoua la tête. Je me rapprochai et pris un ton plus dur.

      -Je n’ai pas envie de me retrouver de nouveau sans défense contre un mec comme Vendini.

     

    Si ça c’était pas une bonne excuse !

     

    Il se renfrogna et me dit qu’il allait y réfléchir.  Au moins il allait y réfléchir.

    Je jetai les gobelets vides et me levai.

      -Bon, et maintenant, on fait quoi ? On commence où ?

      -Quand j’ai connu Eden, elle savait déjà comment s’y prendre mais ne pouvait pas effacer les dossiers. Nous avons fui quelques années. Et puis, un jour, elle est arrivée en disant qu’on nous laisserait tranquille désormais.

     

    Son regard était perdu au loin mais son expression toujours aussi neutre.

      -Vous aviez fait une mission particulière ?

      -Non, et les contrats étaient rares. Le dernier datait de plusieurs mois. Elle avait été contactée on ne sait comment.

      -Et la mission juste après ?

      -On n’a eu aucune mission avant au moins un mois. C’était un évènement totalement isolé. Je pensais qu’elle avait payé les enquêteurs chargés de l’affaire ou quelque chose dans le genre.

      -Mais elle ne pouvait pas corrompre tous les flics à chaque fois !

      -Je le sais maintenant. Mais, à l’époque, elle nous demandait juste de lui faire confiance sans poser de questions. En échange, elle fermait les yeux sur notre passé et nos travers.

      -Donc, on l’a contactée et effacé tous nos casiers sans rien lui demander en retours. Pourquoi ?

      -Aucune idée.

      -Peut-être pour des futurs services gratuits…

      -Toutes les missions étaient payées.

      -Elle baisait avec ?

     

    Il ne répondit pas, mais son regard parla à sa place, et je me rendis compte de ma connerie. Eden n’était pas une pute.

      -Peut être qu’elle le faisait chanter alors.

      -Quelqu’un qui peut étouffer n’importe quelle affaire aurait largement eu les moyens de la faire disparaitre sans que personne ne s’en aperçoive.

      -Pas con.

      -Ce qui est sûr c’est qu’il s’agit de quelqu’un de très influent et sûrement riche.

      -Il y en a beaucoup de mecs comme ça ?

      -Plus que tu le crois.

     

    Je ricanai.

      -T’imagines, c’est le Président…

     

    Regard dédaigneux de monsieur pince sans rire. L’humour c’était pas son fort.

      -Vendini a enquêté sur elle. Je l’ai vu dans son bureau.

     

    Il soupira et se leva.

      -Je t’ai dit de laisser tomber Vendini. Bon, je dois passer quelques coups de téléphone importants. Pour le boulot. Je reviens ce soir. Ne fais rien d’insensé.

     

    Ah il me lâchait comme ça d’un coup ! Sympa !

     

    Malgré mon indignation intérieure, je souris et répondis calmement.

      -Pas de problème.

      - Change-toi les idées. Détends-toi. Va à la plage. Conseilla-t-il. Ce n’est pas très bon de t’enfermer en ruminant cette affaire.

     

    Je haussai les épaules.

      -Si tu le dis. Je trouverais un coin à l’ombre pour ne pas cramer.

     

    A l’ombre d’une certaine usine… A défaut de piste fiable, je pouvais toujours enquêter sur ce qu’il restait.


     


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  • C'est parti pour la chapitre 4 ! Mine de rien je les rallonge beaucoup, j'espère que ça ne dérange pas ! J'essaye de les garder courts mais il se passe tellement de choses que même en faisant des effort, je rajoute de plus en plus de pages. D'ailleurs, cette histoire va être beaucoup plus longue que la première et dès que j'aurais terminé de taper l'épilogue, je pense passer à un rythme plus rapide de publication, histoire d'en finir définitivement avant l'année prochaine. Dit comme ça, on dirait que j'en ai marre, mais pas du tout. J'adore écrire les aventures de Kaelle, mais j'aimerais passer à d'autres projets et je m'oblige à ne rien commencer tant que je n'ai pas terminé ce sur quoi je suis, histoire de ne pas m'emmêler les pinceaux.

    Enfin, je vous laisse avec ce chapitre et vous retrouve tout de suite après avec le cinquième en cadeau. Bonne lecture !

     

    The hoosiers "Killer"

     

    Les photos et articles volés chez Monsieur la Tchatche n’avaient pas donné grand-chose. La police étouffait les affaires et les journalistes causaient pour ne rien dire.

    Mais je reconnaissais clairement la patte d’Eden.

     

    « Mystérieuse explosion à Sunset Bay »

    « Tony Vione assassiné »

    « Un détenu trouve la mort à la prison de Sunset Bay »

    « Le patron de Regena et trois de ses collaborateurs retrouvés morts »

     

     

    Vendini avait aussi décelé la présence d’Eden sous ces affaires. Il semblait bien la connaitre.

     

    Que représentaient-ils l’un pour l’autre ? Des ennemis jurés ? Et ce maigrichon sur les photos ? Qui était-ce ?

     

    J’observai celle que j’avais « empruntée ». Il semblait petit, maigre, tout pâle, malade même. Le genre que même moi je pouvais battre au corps à corps.

    Je repérai quelques flingues sur lui, en dehors de celui qu’il tenait à la main et m’intéressai au décor. Une rue sombre et un cadavre devant lui. Un mercenaire ? Assassin professionnel ? (Ce qui était presque pareil)

    Un ancien partenaire d’Eden ? Un rival ? Rien du tout ?

    Après tout, il pouvait avoir un lien avec Vendini mais aucun avec Eden.

    Une personne pouvait me répondre en dehors de Vendini. Daniel.

     

    Je composai son numéro de téléphone et il décrocha à la première sonnerie.

      -Kaelle ! J’allais justement t’appeler. J’ai appris que l’entretien d’embauche de ce matin s’était mal passé. Je vais essayer de te trouver autre chose. Tu cherches dans les petites annonces au moins ?

     

    Qu’est-ce qu’il me gonflait à absolument vouloir me trouver du boulot !

      -J’appelle pas pour ça. Et non, je cherche pas. J’ai aucune expérience et aucun diplôme. Personne ne me prendra.

      -Il y a peut-être une entreprise qui cherche une femme de ménage sur la côte. J’irais me renseigner.

     

    Passer de mercenaire à femme de ménage. Aem… Mouais. Vite fait. La première et dernière fois que j’ai tenu un balai, c’était pour tabasser un mec. Pas très pratique comme arme.

    Bref, je voulais pas lui parler de ça.

      -Si tu veux. Mais je voulais te parler à propos d’Eden.

     

    Son ton se fit glacial.

      -Je t’ai déjà dit que le sujet était clos.

      -Mais j’ai…

      -Arrête de t’acharner, ça ne te mènera à rien.

      -Mais toi aussi tu…

      -Je te rappelle pour te tenir au courant pour le boulot.

     

    Et il raccrocha.

    Bon sang mais il avait trahi Eden pour connaitre son secret ! Il avait monté avec un psychopathe un plan de malade pour la piéger ! Alors pourquoi il me raccrochait au nez dès que j’en parlais ?!

     

    De toute façon je l’aime pas trop Daniel. Il est trop classe. Trop propre sur lui. Trop rangé.

     

    Tant pis pour lui. Il fallait que je fouille tant que la piste était encore fraiche. Avec ou sans son aide. Et puis je n’arrivais plus à tenir en place dans cette foutue chambre d’hôtel.


    D’ailleurs il fallait que j’en change. Monsieur la Tchatche se rendra vite compte qu’il lui manque des documents et je n’avais aucune envie qu’il me retrouve.

     

    Mais en attendant il fallait que je creuse la piste Eden. Et où pouvait-on récolter des informations sur une affaire étouffée ? Les journalistes ? Hum, ce n’était pas les premiers informés. Il fallait creuser du côté de la police.

    Ils devaient garder tous les dossiers avec toutes les preuves jamais dévoilées. Peut-être qu’ils fermaient les yeux sur les affaires d’Eden. C’était même sûr ! Ouais, il y avait des flics corrompus dans le lot.

    Il suffisait d’entrer et de trouver des preuves.

     

    Facile à dire ! Non mais genre. Comme si je pouvais entrer et fouiller dans un commissariat comme ça.

     

    Il fallait que je réfléchisse.

     

    A l’heure qu’il est, ces trucs étaient sûrement archivés. Dans une salle particulière.

     

    Il fallait que je repère les lieux.


    C’est pour ça que, le lendemain, je me retrouvai à pleurnicher au commissariat. J’avais prétexté une intrusion chez moi, ce qui était à moitié vrai puisque l’autre mafieux en blanc n’avait pas hésité une seconde à enfoncer la porte de ma chambre d’hôtel pour venir me chercher.

     

    J’étais nerveuse. Et si on ne me croyait pas ? Si on me reconnaissait ? Si on protégeait Venditchatche ?

     

    J’observais autour de moi. Il fallait que je mémorise tout. Et que je trouve cette foutue salle des archives. Et que j’arrête de tapoter nerveusement du pied. Que je me calme.

    Je n’y arriverais jamais si j’avais une attitude aussi suspecte.

    Une voix nasillarde, que je connaissais trop bien, me susurra à l’oreille.

      -Les lapins vont te manger, Kaelle.

     

    Je bondis et fis volte-face. Rien. C’était juste une hallucination…

     

    L’Autre voix dans ma tête était partie mais Lucy me hantait en retour. Je ne serais jamais tranquille, en fait.

    Je soupirai et l’homme qui prenait ma déposition en face de moi haussa un sourcil.

      -Désolée. Je deviens paranoïaque avec cette affaire, m’excusai-je.

     

    Il eut un petit sourire, celui qu’on donne aux petits chatons abandonnés, et se leva.

      -Vous voulez un café ?

     

    J’ai l’air d’un putain de chaton ????

     

    Enfin, s’il allait chercher du café, je pourrais un peu plus fouiller. Donc, va pour le café de chaton abandonné.

      -Oui, merci. Si ça ne vous dérange pas.

      -Pas de problèmes. Je reviens tout de suite.

     

    Yes !

     

    Je vérifiai qu’il n’y avait personne d’autre autour de moi et risquai quelques pas prudents.

    J’avais l’air méga suspect.

    J’inspirai à fond et tentai de me détendre. Voilà, une démarche plus normale, les mains dans les poches de mon short (oui, je me suis découvert une récente passion pour le short. Ils permettent de regarder des films dans toutes les positions sans se craquer au bout d’un moment.) et on s’avance l’air de rien vers les escaliers.

     

    Je croisai deux trois personnes qui me saluèrent poliment d’un mouvement de la tête et leur rendis un grand sourire innocent.

     

    Merde, mais où était cette putain de salle d’archives !

     

    Je vérifiai derrière moi et hésitai. Le policier ne devait pas tarder à revenir. A moins qu’il ne fabrique lui-même son café. Ce dont je doutais fortement.

    J’avais plus personne pour effacer mes traces en cas de bourdes, alors il valait mieux jouer la prudence à fond. Je revins sur mes pas et m’assis juste à temps.

    Le policier arriva quelques secondes plus tard et posa un gobelet brûlant devant moi. Je le remerciai en buvant une gorgée qui fit fondre ma langue, mes dents et ma gorge sous l’effet de la chaleur. Avec ça, si j’avais pas une petite larme pour rendre ma plainte plus réaliste, je pourrais m’autoproclamer pire actrice au monde.

      -Bien, reprenons. Donc, ces individus se sont introduits chez vous mais sans rien voler.

      -Tout à fait.

      -Pas d’agression physique ?

      -Non.

      -Qu’ont-ils fait alors ?

     

    Hum… J’avais l’air débile avec ma plainte bidon. J’aurais dû inventer un vol. Juste un petit vol. Un tout petit viol vol. Vol ! VOL !

      -Est-ce que ça va ?

     

    Le flic semblait s’inquiéter. Pourquoi ?

    Je venais de faire un lapsus mental. C’est tout. Rien qui pourrait me trahir. Hein ?

      -Oui oui ça va.

      -Vous êtes sûre d’avoir bien raconté tout ce qu’il s’est passé ?

      -Oui oui.

     

    J’avais juste omis qu’il m’avait appelée juste avant, que je savais qui c’était et qu’on avait discuté ensemble juste après.

    Et qu’il avait maté mes jambes. Et. Demandé. Pour. Combien. Elles. S’écartaient.

     

    Je me sentais pas bien d’un seul coup.

      -Madame ?

     

    Madame ?! Madame ! J’avais l’air d’une putain de madame ?!

      -Ça va, ça va.

     

    J’avais même pas trente ans !

     

    Il fronça les sourcils et posa sa main sur la mienne. Ce contact me révulsa et je fis un effort de malade pour ne pas retirer ma main. Je détestais qu’on me touche.

      -Il ne faut pas avoir peur de nous dire la vérité. Nous sommes là pour vous aider.

     

    Ce mec me tirerait la larme à l’œil dites donc !

      -Tout va très bien. En fait, je vois même pas pourquoi je suis venue ici. En y réfléchissant bien, il ne s’est rien passé de grave. Conclus-je en me levant.

     

    L’autre ne semblait pas convaincu. Mais il pouvait rien faire d’autre.

    Finalement il soupira et se leva aussi en fouillant dans son pantalon.

      -D’accord. Mais au moindre problème, n’hésitez pas à appeler. Demandez Lorenzo. C’est moi.

     

    Je pris la carte qu’il me tendit et la fourrai dans la poche de mon short. Rêve toujours mon pote.

      -Au revoir madame.

     

    C’est  « Mademoiselle », ducon !!!

     

    Une fois sortie du commissariat, je fus agressée par le soleil et les odeurs de grillade. Yeark !

     

    Je ne savais toujours pas où étaient les archives. Il me fallait un autre plan. Et que j’avale quelque chose.

    Il était presque midi. Je m’engouffrai dans le premier fast food que je trouvai sur mon chemin.

    J’avais toujours l’air con quand j’entrais dans ce genre d’endroit. Après avoir mis cinq minutes pour essayer de ne pas gerber en sentant la viande grillée, je cherchai pendant mille ans les trucs végétariens dans leur menu. Puis pendant un milliard d’années ce que j’allais choisir pour varier avec mes repas habituels qui se résumaient à : frites, salade et pizza aux légumes. Cette fois ci ne dérogeait pas à la règle. Le serveur attendit ma commande en tirant une tronche de quinze pieds. Ensuite ce fut à mon tour de faire la gueule pendant qu’il remplissait un sac en papier aux couleurs et emblème du restaurant, pour que tous les passants voient bien que je n’étais qu’une flemmarde qui ne mangeait pas équilibré.

    J’étais habituée à manger mal avec Eden, et je restais maigre comme une baguette. J’avais peut être repris des kilos ces derniers temps, à force de ne rien foutre, mais j’étais passée de maigre à mince alors.

     

    Bref bref.

     

    Il fallait aussi que je change d’hôtel. J’avais déjà changé de chambre, vu l’état de la porte de l’ancienne, mais je n’avais pas envie que Venditchatche vienne récupérer ses documents.

     

    En rentrant, je passai devant un bâtiment qui ne m’était pas inconnu. Je m’arrêtai et l’observai. Il s’agissait sans doute d’une vieille usine désaffectée, en ruine. Plus qu’en ruine. Il lui manquait une partie de la façade et je pouvais voir des restes de sa structure carbonisée à l’intérieur. Carbonisée. Comme s’il y avait eu un incendie. Où une explosion.

    Je savais où j’avais vu cette usine.

    Un coup d’œil aux alentours et je me faufilai dans les décombres. D’après l’article trouvé chez Monsieur la Tchatche, l’explosion s’était produite il y a quatre ans. Personne n’avait essayé de reconstruire par-dessus. Elle était restée telle qu’elle. Pourquoi ?

    Je poussai quelques débris du bout du pied, et sursautai en percevant un mouvement cent mètres plus loin.

     

    Une bestiole ? J’espère ! Je n’étais toujours pas armée et nulle au combat.

     

    Il faudrait que je m’inscrive un jour à un cours de euh… boxe ou karaté ou judo ou n’importe quel truc qui permettrait d’étaler ses ennemis à mains nues.

    Ou alors je pouvais acheter un flingue.

     

    Tentant de me faire la plus silencieuse possible, je m’approchai de l’endroit où ça avait bougé. On peut dire que j’étais douée pour ne pas me faire remarquer. C’était plus pratique pour descendre quelqu’un. Il ou elle n’avait pas le temps de se défendre et je ne laissais presque aucune trace.

    C’était Eden qui m’avait appris ça. Et presque tout ce qu’il fallait apprendre pour tuer sans se faire chopper. Elle avait beau diriger un grand groupe, avant, elle avait toujours pris le temps de s’occuper personnellement de chacun de nous.

    Cette époque me manquait. L’époque où tout était plus simple. L’époque où j’avais un semblant de famille. On restait jamais plus d’une semaine au même endroit et je peux dire que j’en ai vu des trucs fous !

    L’époque où Eden, Lucy et Etan étaient encore vivants. Etan. La première personne avec qui j’ai sympathisé après… Après…

     

    Je secouai la tête pour chasser ces souvenirs et essuyai mes yeux humides du revers de la main. Le truc qui avait bougé n’était qu’un clochard.

    En fait, il y en avait plein ici.

    C’était peut-être pour ça qu’on ne touchait pas à cette ruine. Les clodos venaient ici au lieu de traîner dans les rues.

    Je pourrais peut être essayer d’en interroger un. Pourquoi pas celui qui se trouvait devant moi, pour commencer.

      -Hé toi ! Il s’est passé quoi ici ?

     

    Le mec me regarda d’un œil vitreux et méfiant. Je sortis un billet de mon portefeuille et lui tendis. Il laissa échapper un truc entre le rire et la quinte de toux, et répondit :

      -On ne m’achète pas, la gosse.

     

    Ok, d’abord « madame » ensuite « la gosse ». Est-ce qu’on pouvait me donner mon âge, un jour ?

    Je remis mon billet dans ma poche.

      -Ok. Tu peux répondre à ma question ?

     

    L’autre resta silencieux et je soupirai, frustrée.

      -Bordel, qu’est-ce que vous avez dans cette putain de ville à ne rien lâcher ?!

      -Et en quoi ça t’intéresse ? Si c’est pour racheter cet endroit, c’est pas la peine. Personne n’y a touché depuis quatre ans.

      -J’ai l’air d’une bourge qui dépense son fric à tout va ? (bon ok, je venais de lui en proposer, mais ça comptais pas !) Ça m’intéresse, c’est tout.

     

    Je cru déceler un sourire sous sa barbe et il secoua la tête.

      -L’usine a explosé il y a quatre ans. Les flics n’ont pas enquêté. Personne n’y a plus touché.

      -C’était une usine de quoi ?

      -Textiles.

      -Textiles ?

     

    J’étais un peu déçue. J’imaginais un truc un peu plus… Illégal. J’observai les restes autours de moi. C’était peut-être qu’un contrat pour Eden. Un truc comme j’en avais vu tous les jours pendant quelques années.

      -Et l’explosion ? Elle était due à quoi ?

      -Tu crois vraiment que je vais savoir un truc pareil ?

     

    Je haussai les épaules.

      -On sait jamais.

    Le clodo hésita.

      -Il y a un type un peu plus loin qui était là avant moi. Il est peut être au courant de certains trucs.

     

    Il coopérait assez bien. Par rapport à ce que j’ai eu hier, c’était plutôt agréable. Mais étrange. Etrange qu’il refuse mon fric et réponde sans rien demander. J’avais peut être de la chance sur ce coup-là.

      -Il ressemble à quoi ?

      -Miteux.

     

    Je marquai un temps de pause et il ajouta :

      -Enfin plus que moi. Je vais t’accompagner.

     

    Debout, il me dominait d’une bonne tête, même vouté. Je remarquai que ses épaules étaient extrêmement larges, malgré la veste qui flottait autours de ses côtes et donnait l’impression du contraire. En fait il n’avait pas l’air très maigre, ni même malade.

    En passant devant d’autres occupants de ces lieux, je me demandai s’ils étaient plus baraqués qu’ils en avaient l’air, eux aussi. Ou peut-être que mon guide était un SDF récent. Un ancien rugbyman SDF.

     

    Ou pas SDF du tout.

     

    Non, je me faisais des films. Pourquoi un mec  ferait semblant d’être un clochard dans un endroit où il ne pouvait même pas quémander du fric ?

     

    Après être passés devant une dizaine d’autres personnes, je constatai les dires de mon guide. Mon nouvel informateur était vraiment, vraiment, vraiment miteux. Le genre tout maigre et tout malade, presque chauve et tellement sale qu’on arrivait plus à voir sa couleur de peau.

    Après un bref échange de regard avec mon clodo géant rugbyman, je m’accroupis devant lui, sortis de nouveau un billet de ma poche et lui tendis en demandant :

      -L’explosion qui a détruit l’usine. Elle était due à quoi ?

     

    L’autre sourit de toutes ses… gencives. Il prit le billet et le fourra dans son manteau.

      -Je sais pas ce que vous avez tous avec cette usine en ce moment, mais tant que vous êtes aussi généreux, ça me va !

      -Tous ? Demandais-je, surprise.

      -Il y a deux jours, deux personnes m’ont posé la même question. Il marqua un temps de pause. Et ils ont payé plus cher.

     

    Sur ce, il sourit de nouveau en tendant la main pour que je surenchérisse.

    Il faut vraiment que je me rachète un flingue. Il n’aurait jamais tenté de négocier avec un flingue braqué sur sa tête. Mais pour le moment je ne pouvais que ressortir quelques billets en soupirant.

      -J’espère qu’à ce prix-là les informations seront intéressantes au moins. Grondais-je tout bas.

      -C’est pas un accident qui a provoqué l’explosion. Lâcha le clodo miteux.

      -Je le sais déjà. Je poserais pas de questions sinon.

      -Les flics ont conclu à un règlement de comptes entre gangs. Mais j’étais dans ce quartier depuis pas mal de temps. Cette usine n’appartenait à aucun gang de cette ville.

      -Attend. Comment ça ? Pourquoi l’usine appartiendrait à un gang ? Elle faisait autre chose que des fringues ?

     

    Il eut un sourire énigmatique et je tendis un autre billet pour le faire parler.

      -On me la fait pas à moi. Je sais reconnaitre une affaire louche quand j’en ai une sous les yeux. Les mecs de là-bas n’appartenaient à aucun gang connu. Et je peux te dire qu’à force de trainer dehors, je sais les reconnaitre, les gangs !

      -Qu’est-ce qu’ils foutaient là-bas alors ?

      -Oh, ils devaient blanchir de l’argent, ou un truc comme ça. Ils sortaient toujours avec des valises pleines de billets et n’hésitaient pas à se montrer généreux. Il sourit en rêvassant. La belle époque.

     

    Je me redressai. Songeuse.

       -Une dernière chose. Ajoutais-je. Ils ressemblaient à quoi les gens qui sont passés vous voir il y a deux jours ?

      -Une fausse rousse, pas grosse, mais pas maigre non plus, et un grand tout maigre, brun. Il ressemblait un peu à une mante religieuse.

     

    Ouais. Ouais ouais… Les mantes religieuses brunes et les fausses rousses ça devait pas courir les rues. Je pense.


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    Un chapitre encore écrit en duo avec le Vendini Show, j'espère que vous prendrez autant de plaisir à le lire que j'en ai eu à l'écrire ^^

    Bonne lecture !

     

    (mon OST n'étant pas au format MP3, je n'ai pas pu l'insérer comme ça, je vous met donc la vidéo contenant l'OST)

     

     

     

     Chapitre 3: V comme Vendini.

    « Le Pirate » était un bar à la réputation plutôt cool, une ambiance un peu rock, et des groupes plutôt célèbres qui y chantaient de temps à autre. J’avais postulé pour un emploi de serveuse trois jours auparavant et j’avais, évidemment, été refusée.

     

    Je me retrouvai de nouveau dans le bureau d’Antonio Vendini, le patron du bar mais visiblement pas que…

      -Criminel ambitieux, hein ? Vous faites dans quoi ?

     

    J’essayais de me donner des airs de dure, profitant d’un léger avantage sur Vendini. J’avais au moins cinq centimètres de plus.

      -Dans la criminalité ambitieuse. Je m’occupe d’enquêtes en dehors de la loi, de chasse de tueurs en série, de maîtrise des débordements des super héros improvisés, de lutte contre les organisations anti-crime organisé et je suis spécialisé dans le bottage de fesses de syndicats du crime d’Europe de l’Est.

     

    Il me tendit une carte de visite et je remarquai que…. Tout ce qu’il venait de dire y était marqué. Et quand je dis tout, c’était tout ! Je me demandais comment ça rentrait sur une carte aussi petite d’ailleurs !

     

    Et qui irait mettre « bottage de fesses » sur une carte de visite ?!

     

    Eden avait vraiment des relations bizarres… Bon, ok, Lucy l’était encore plus… Quoique…

      -Tant que vous bouffez pas des gens… Commentais-je tout bas en soupirant. Bon, quels étaient vos liens avec Eden ?

     

    Je doutais qu’il me réponde sincèrement. En même temps, je ne la jouais pas très fine, mais il avait un don pour épuiser une personne en parlant constamment. Je n’avais qu’une envie, le secouer très fort pour qu’il crache enfin le morceau et descende de ce bureau trop rangé sur le bord duquel il venait de s’asseoir. Non, sans blagues, ce bureau était tellement rangé qu’il pouvait presque se rouler dessus sans toucher quoi que soit. C’était trop louche un type trop rangé. J’aurais dû m’en méfier dès la première fois que je l’ai vu.

      -C’est pas très poli d’être aussi direct. Pour une fille qui a la confiance d’Eden au point d’avoir son téléphone sur elle, vous ignorez beaucoup de choses. Rétorqua-t-il.

      -Vous ne pouvez pas répondre tout simplement à ma question ?!

     

    Oui je m’énervais, et alors ? C’était totalement justifié ! Ce … Ce… Zut, je trouve pas de surnom là tout de suite. Bref, il me baladait depuis tout à l’heure sans lâcher une seule info et j’étais pas un modèle de patience.

     

    Oh bordel ! J’ai une idée !!!

     

      -Eden a disparu, voilà ! Mentis-je. Je cherche des indices qui pourraient me mener à elle parce qu’il se pourrait que ça ait un rapport avec son passé.

     

    Ah si seulement je pouvais en avoir tous les jours des comme ça !

     

    Antonio me fixa sans répondre et croisa les bras en m’examinant de la tête aux pieds.

    Non mais c’est crédible ce que je dis !

    Ce mec me mettait franchement mal à l’aise.

      -Joli tatouage. C’est plutôt étrange, sur une fille aussi peu coquette. Pas de bijoux, pas de maquillage, pas de push-up, alors que vous en auriez bien besoin. Mais un tatouage.

     

    Sa tête bougeait comme celle d’un serpent et il se passa la langue sur les dents. Ouais, il me mettait définitivement mal à l’aise.

      -Un besoin de réassurance ? Ajouta-t-il.

      -Ça vous regarde pas. Et puis pourquoi je répondrais à vos questions ? Vous répondez pas aux miennes ! Grondais-je, excédée.

     

    Je tapotai nerveusement du pied, pianotai du bout des doigts et luttai contre la furieuse envie de le frapper.

    Et puis c’était n’importe quoi de dire que mon tatouage était joli. Il était presque entièrement caché sous mes fringues.

      -Alors mes histoires avec Eden ne vous regardent pas non plus.

     

    Espèce de…..

     

    Il n’y a pas un téléphone qui vibre non ?

    Ah oui, en plus d’être hyper chiant, son téléphone vibre ! Je suis pas à cheval sur la politesse, mais j’étais sur les nerfs, et le moindre petit truc pouvait me faire péter un câble.

    Et là, sans s’excuser le moins du monde, il décroche.

     

    Il décrroooche !

     

    Et des claques dans ta tête, ça va te la décrocher aussi !

     

    Non mais merde quoi ! Il me répond pas, mais au téléphone si !

      -Excusez-moi une seconde. Allô ? Pardon ? Impossible. Il est mort il y a de cela au moins deux ans.

     

    Il s’éloigna et sorti de la pièce pour continuer sa discussion en toute discrétion.

      -L’Iron Club est mort. Je l’ai tué moi-même.

     

    L’Iron Club ?

     

    Je n’entendis pas le reste de la conversation et je me retrouvai seule dans son bureau.

     

    Seule. Dans son bureau.

     

    Hé mais c’est bon pour moi ça !

    Bon voyons ce que Monsieur la Tchatche cache dans ses tiroirs.

    Ça lui va bien Monsieur la Tchatche, tiens.

     

    Bref. Dans le premier tiroir il y avait deux trois dossiers sur des trucs actuels, d’autres concernant les affaires du bar. Rien de palpitant.

    Mais c’était toujours aussi bien rangé et classé, ce qui facilitait mes recherches et m’évitait de tout éplucher pendant trois plombes.

     

    Le second tiroir contenait d’autres dossier plus anciens, mais rien qui pouvait se rapporter à Eden. Enfin, je crois. J’espère que j’avais rien loupé.

     

    Finalement, des papiers sur le sous-main attirèrent mon attention eeeeeeeeeeeeeeettttt bingo !

     

    En fait c’est les photos qui me mirent sur la piste. Des photos d’Eden et Monsieur la Tchatche en train… De se taper dessus ?! Ooookkkkkk

     

    Et c’était qui le petit maigrichon sur les autres photos ?

    Un rapide coup d’œil vers la porte me rappela que le temps m’était compté.

    Le reste du dossier rassemblait des articles de journaux à propos d’affaires diverses très floues. Très étouffées quoi. Mais je reconnaissais certaines traces qui me laissaient croire qu’Eden y était impliquée.

    Outre le fait que ces articles se trouvaient dans un dossier sur Eden.

     

    Mais ça m’aidait quand même dans mes déductions.

     

    Il fallait que j’examine ça plus longtemps mais c’était impossible. Bon, quel détail était plus important que les autres ? Qu’est ce qui me mettrait sur une piste potable ?

     

    Il y avait-il un lien entre les affaires ? Est-ce que c’était des contrats ? Est-ce que Monsieur la Tchatche pouvait m’aider ? Savoir qu’Eden était morte lui ferait sans doute plaisir, vu ces photos qui indiquaient clairement que c’était pas le grand amour entre eux.

    Bon, et le maigrichon, est ce qu’il y avait moyen de le voir ? Qui était-il ?

     

    Un nouveau coup d’œil vers la porte et je décidai de prendre quelques photos et articles qui me semblaient intéressants, les pliai et les glissai dans ma poche.

     

    Et s’il me fouillait en sortant ?

     

    Hum, finalement je glissai le tout dans l’élastique de mon slip. Au moins là il n’ira pas chercher. N’est-ce pas ?

     

    Je rangeai tout comme si de rien était et retournai sur ma chaise.

     

    Non, finalement j’arrivais pas à rester assise. Je me levai et finalement décidai d’observer les alentours par la fenêtre.

    La porte s’ouvrit quelques minutes plus tard.

    J’avais eu chaud en fait.

      -Je vous recontacte dès que je le peux.

     

    Il raccrocha et son attention revint sur moi.

     

    Bien, il fallait que je sois rapide avant qu’il ne se rende compte de quelque chose. Je n’étais pas une très bonne actrice, même si je me débrouillais pas mal pour mentir, mais je n’allais pas tenter le diable. Non. C’était trop important là.

      -Bon, visiblement je dérange et vous n’allez pas lâcher d’informations. Je ne vais pas rester plus longtemps.

     

    C’est ça, marche normalement et pas comme si tu avais planqué des trucs dans ton slip. Làààà, j’y suis presque ! La voilà ! La porte de sortie. Liiiibre !

     

    Je ne me retournai pas pour voir sa réaction. Visiblement ma décision lui avait coupé le sifflet. Ça devait être une première! Muhahahaha

     

    Monsieur la Tchatche : 0

    Moi : 2 (je compte aussi le fait que j’ai réussi à lui piquer des documents).


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