• Un chapitre à quatre mains avec Antonio Vendini du Vendini Show, attendez vous à pleiiiiin de révélations sur Eden ! Enfin, une en particulier.

    Et sinon, très bonne nouvelle, j'ai calculé le nombre de chapitres que j'ai déjà écrit et je peux passer à deux chapitres par mois ! Le prochain sera donc publié dans deux semaines je penses. Suivez bien l'actualité de ce blog  et n'hésitez pas à commenter.

     

    Florent Dorin "A little bit longer"

     

     

    J’étais crevée et courbaturée de partout. D’un côté, c’était normal vu ce qu’il s’était passé hier soir. Et puis j’avais pas fait de truc aussi intense depuis…. Depuis… J’effleurai inconsciemment ma hanche. Valait mieux oublier ça.

     


    Venditchatche sortait de sa voiture devant son bar et je me précipitai sur lui en lui collant les photos que j’avais reçues sous le nez.

     

      -Il faut qu’on parle !

     

     

     

    Il mit quelques secondes à réagir, puis sourit amèrement. Je prenais ça pour un aveu.

     

      -Vous savez parfaitement que c’est toujours moi qui parle. Venez, allons dans un endroit calme. Ne vous en faites pas, je ne suis pas armé. Pas trop. Bon si carrément.

     

     

     

    Je haussai les épaules. Je l’étais aussi. Et je voulais des réponses.

     

     

     

    C’était la deuxième voiture que je partageais avec un inconnu, en deux jours. Sauf que celui-là n’était pas vraiment un inconnu. Et qu’il… J’y croyais toujours pas…

     

     

     

    La voiture s’arrêta, et je sorti la première. Je tentai de repérer le café où il m’emmenait, mais ne vis qu’un parc.

     

    A cette heure-ci, il n’y avait que des sportifs. Enfin. Des gens qui veulent rester en forme, et des grosses qui pensent que trottiner une demi-heure par jour, avec une copine, leur fera perdre quinze kilos.

     

    Je pouvais passer inaperçu avec mon short, mes converses et mon tee-shirt à tête de mort. Vendini, par contre, tout de blanc immaculé…

     

      -C’était une relation sérieuse ou juste une histoire de cul ?

     

     

     

    Oui, j’étais directe. Mais j’avais envie d’expédier très vite cette conversation pour ne plus penser à ces photos d’Eden et de Vendini la tchatche ensembles. 

     

      -Pour moi, c’était sérieux, mais pour elle, je pense que ce n’était qu’une passade. Elle a toujours été très secrète. Par contre, qu’est-ce qu’elle était bruyante…

     

     

     

    Je blêmis rien qu’à la vision de… Je levai une main, comme pour me protéger.

     

      -Stop ! J’veux pas connaitre les détails. Donc, elle n’a jamais fait allusion à la personne qui effaçait toutes les traces de son équipe ?

     

     

     

    S’il avait été amoureux d’elle à l’époque, je me demandais comment il allait réagir en apprenant sa mort. Et puis…

     

      -Et puis Daniel m’avait dit que vous vous étiez battus ! Comment est-ce qu… ?

     

     

     

    Et il ne fallait pas oublier l’affaire Wolffe. Si Monsieur la Tchatche y était associé…

     

    Je serrai les poings et la mâchoire avec une furieuse envie de lui coller mon flingue entre les yeux.

     

      -Daniel ? Tu fais confiance à Daniel, qui a trahi Eden par le passé ? Qu’est-ce qu’il t’a dit, hein ? Que j’étais un fou furieux, un accroc de la gâchette et un psychopathe ? Il a pas tout à fait tort… Anyway !

     

     

     

    Il s’assit sur un banc et je le suivis. J’aurais l’air trop bête debout comme ça.

     

      -Eden et moi, on a eu une relation… très fusionnelle. On essayait de se tuer la moitié du temps et l’autre, on sortait ensemble. C’est la faute au boulot ! Moi, je bosse pour des mafieux, elle pour un maître-chanteur invisible. Que je ne connais pas. Mais je connais quelqu’un qui le connaît.

     

     

     

    Je me penchai en avant, intéressée. Un maître-chanteur ? Quelqu’un qui le connaît ?

     

      -Ah ? Qui ça ?

     

      -Il est mort. Je crois. J’espère. C’était un trafiquant de drogues. Il n’est pas important, pas tant que ça. Ce qui est important, c’est que tu cherches des infos sur Kyle Wolffe, je me trompe ?

     

     

     

    Je bondis du banc comme un diable de sa boite.

     

      -Comment vous savez ça ?! Et puis… Et puis…

     

     

     

    Je ne savais pas quoi répliquer. Il m’avait prise de court ce con !

     

      -Et puis qu’est-ce que ça vous rapporte d’être associé à un connard pareil ?!

     

     

     

    Et si l’explosion de l’usine avait profité à Vendini ? C’est vrai ça ! Si Eden couchait avec Vendini, il avait bien pu lui demander un petit service, genre envoyer un message à Wolffe en faisant exploser son usine. Histoire de le tenir en laisse.

     

      -C’était pour vous qu’Eden a fait exploser son usine ?

     

      -Non. Kyle Wolffe, c’est un rien-du-tout. Je lui ai mis mon poing dans la figure une fois, mais il a tellement de dents en or que c’est moi qui suis allé à l’hosto. Noon, j’ai juste reçu un appel d’un pékin d’Archgate. Il se vantait que j’allais enfin payer pour le meurtre du cousin de sa deuxième femme. Le monde est petit ! Il m’a dit qu’il m’avait envoyé une grande tueuse à gages aux fesses, et il m’a pas fallu longtemps pour additionner deux et deux. Tu comptes toujours me faire la peau ? Ou je te transforme en fauteuil ikéa ?

     

     

     

    Je restai là, interdite.

     

     

     

    Deux choses.

     

    La première : Je m’étais faite avoir ! Et bien même ! Comme une bleue !

     

    Et la seconde : comment il faisait pour dire autant de trucs sans respirer ???

     

     

     

    Finalement, je me rassis. Toute penaude.

     

      -Quel connard… S’il était pas en prison, j’irais bien lui montrer ce qu’il se passe quand on se fout de moi comme ça.

     

      -Il est mort dans la nuit. Crise cardiaque. Une sévère crise cardiaque. J’ignorais même que les crises cardiaques pouvaient repeindre les murs…

     

     

     

    Je ne pus retenir un petit sourire en coin.

     

      -Il devait être aussi pourri que son patron. Vous saviez qui aurait pu profiter de l’explosion de l’usine Wolffe ? J’ai la vague impression qu’en fouillant sur cette piste, on trouvera qui protégeait Eden. Et en échange de quoi.

     

      -Qui protégeait Eden… Plutôt qui elle protégeait. Me corrigea-t-il. En parlant avec mon ami mort, après qu’il soit mort, enfin je suppose…

     

     

     

    Mais il est mort ou pas à la fin ?!

     

     

     

      -… J’ai réussi à obtenir un nom. Nista. Nathaniel Nista. Mais un nom, c’est un indice faible, d’autant plus que ça sert souvent d’alias.

     

     

     

    Et j’étais bien placée pour le savoir…

     

      -Je peux savoir pourquoi tu es venue me voir, miss Ronaut ? Juste pour défendre la dignité de ton ancienne boss ? Elle faisait du 95E, tu sais. Jusqu’à quel point tu étais intime avec elle, mmh ?

     

     

     

    Il se leva et sourit.

     

      -Je pourrais dire qu’elle me manque, mais, la vérité, c’est que je suis trop prétentieux pour l’admettre.

     

     

     

    Je me levai à mon tour, ignorant royalement cette remarque sur l’énorme poitrine d’Eden. Parce que bon, du bonnet E, c’est énorme. Je savais que c’était imposant chez elle, mais pas à ce point-là !  Bref. Je répondis :

     

      -Quand on flanque une balle dans la tête de quelqu’un, on peut dire qu’on est intime, tu crois pas ?

     

     

     

    Je restai sur mes gardes. Qui sait comment Venditchatche allait réagir.

     

      -En tout cas, merci pour le nom. Ça m’évitera d’enquêter plus du côté de Wolffe. Ce mec est un vrai dégénéré. Vous êtes au courant pour sa petite résidence près de la zone de Whitehouse ?

     

      -Donc elle est vraiment morte… Cool. C’est un mot cool, cool. Ca exprime tout et rien à la fois.

     

     

     

    Il me saisit soudainement les bras et me secoua. J’hésitai entre me débattre ou tenter de saisir mon flingue.

     

      -Dis-moi que tu dis la vérité et qu’elle a pas juste glissé sur son savon dans la baignoire !

     

      -Hein ?

     

     

     

    J’étais… perplexe. Non. Plus que perplexe.

     

      -Si j’en suis sûre. On s’est battu et je lui ai fait sauter le crâne.

     

     

     

    Sur fond de lapins cannibales…

     

      -Cool. C’est un mot cool, cool…

     

     

     

    Ok. Il était en état de choc, je crois. Peut-être sa manière d’exprimer sa peine. C’est qu’il doit avoir un cœur derrière ses yeux flippants et sa grande gueule…

     

      -Tu trouveras rien à Whitehouse, si c’est bien là où tu as fait ta petite descente. Tu as eu des nouvelles de Daniel ?

     

     

     

    Putain, j’ai oublié d’effacer la vidéo de sécurité ! Enfin, il n’ira pas se plaindre aux flics vu ce qu’il s’y passait !

     

      -Il ne veut plus entendre parler de son ancienne vie. S’il m’aide c’est juste pour clore l’affaire Eden. Il s’est passé beaucoup trop de trucs pour laisser ça en plan. L’affaire du cannibale de Bertieux, en France, il y a six mois, tu en as entendu parler ?

     

      -Ne t’approche pas de Daniel.

     

      -Il a descendu le mec qui incitait Lucy à bouffer des gens alors qu’ils avaient commencé avec moi. Vous m’aviez demandé pourquoi ce tatouage, hein ? C’est pour planquer ça.

     

     

     

    Je baissai légèrement mon short à l’endroit où il me manquait un bout de chair. Malgré le tatouage, c’était toujours visible. Malheureusement pour moi.

     

      -Ensuite il m’a trouvé une nouvelle identité, me verse de l’argent régulièrement et s’acharne à me trouver des entretiens d’embauche.

     

     

     

    Antonio se pinca l’arête du nez et sans que je le voie venir d’où que ce soit, me planta son poing dans l’estomac. Je voulu sortir mon arme, mais il fut plus rapide et me colla une droite sous le menton qui me fit tomber à terre.

     

     

     

    J’étais un peu sonnée, mais je réussis à prendre mon flingue et à me relever.

     

      -Je déteste les gens stupides et BON DIEU ce que tu les représentes bien ! Ça ne t’intrigue pas qu’il te verse de l’argent régulièrement et te trouve une nouvelle identité ? Comme Eden faisait avant ? Allô la terre, ici la Vendilune. Non, c’est l’inverse. Allô la lune, ici la Venditerre ! Tu vas pas me faire croire que Daniel est devenu subitement un crack du système, si ?

     

      -Daniel était son bras droit. Et il a réussi à créer une fausse entreprise et de faux employeurs pour tenter de savoir qui effaçait les traces d’Eden.

     

     

     

    Je secouai la tête.

     

      -Pourquoi il enquêterait de nouveau dessus alors ?

     

     

     

    Je songeai aux mystérieux dossiers et à la personne qui m’avait ramenée chez moi.

     

      -Ca n’a pas de sens… Soupirais-je.

     

      -Tu vois que tu commences à réfléchir. Bon, tu comptes le ranger un jour, ton pistolet à eau ?

     

     

     

    Il regarda l’heure sur son téléphone.

     

      -Je vais devoir aller bosser, quand même. Surtout, ne t’approche pas de Daniel. Tu ne peux pas lui faire confiance. Moi, tu t’attends à chaque instant à ce que je tente de te tuer… Ce n’est pas le cas avec Daniel, et c’est ce qui le rend plus dangereux que moi.

     

     

     

    Je haussai les épaules.

     

      -Il m’a toujours tapé sur le système.

     

     

     

    Je regardai l’heure, moi aussi. Ouais, il allait bientôt être midi. J’avais justement rendez-vous avec Daniel. Et puis ensuite j’irais enquêter sur ce fameux Nista. Il faut que je me le note quelque part pour ne pas l’oublier. Sur le téléphone, tiens. Nista. Nista. Voilà, c’était noté !

     

      -Un dernier truc. Ce type, Nista, semble vous intéresser. Vous enquêtez depuis longtemps dessus ?

     

      -Je n’ai jamais enquêté sur lui. Il est juste… là. Toujours où il faut et quand il faut. Ce mec, ma fille… Ce mec, c’est Dieu.

     

     

     

    Il s’éloigna.

     

     

     

    Dieu… Rien que ça.

     

     

     

    Et puis il travaillait ses phrases à l’avance ? Le genre qui se réfléchit des heures pour faire bien stylées au moment de partir.

     

     

     

    Vendini se retourna et agita les mains en l’air.

     

      -J’ai un carnet plein de répliques cultes ! Je te le prêterai pour faire des sorties de scène classes !

     

     

     

    Classe !

     

     

     

    Oh mais il lisait dans les pensées ou quoi ?!

     

     

     

    Ce ne fut que lorsque sa voiture démarra que je me rendis compte d’un truc : je rentrais comment moi ? Je savais même pas où j’étais !

     

     

     

    Je soupirai en fourrant mes mains dans mes poches et observai le parc. C’était plutôt agréable comme endroit. C’était vert. Et vert. Et… encore vert. Avec des écureuils et des bancs.

     

     

     

    C’était mignon les écureuils.

     

     

     

    Je me dirigeai vers la sortie. Il faudrait peut-être prendre un taxi. Encore.

     

    Une voiture s’arrêta devant moi et, une fois la surprise passée, je montai dedans en grommelant :

     -T’es obligé de toujours me tracer avec ce foutu GPS, Daniel ?

     

     


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  • Voilà le chapitre 7, un chapitre où Kaelle doit faire face aux révélations sur Wolffe et s'en sortir comme elle peut. Je n'en dirais pas plus, à vous de lire ^^ n'hésitez pas à donner votre avis par commentaire.

     

    Kyo "Sad day"

     

    Il me restait encore une partie de mon après-midi avant que Daniel revienne. Le temps de faire une visite au patron de la Wolffe industrie.

     

    Mais d’abord, il fallait que je me change. J’avais l’impression que mes fringues sentaient/suintaient la prison.

     

    Et dire que je devrais être enfermée là-bas pour tout ce que j’ai fait.

     

    Je saisis ma valise. Et me rendis compte que celle-ci était de l’autre côté du lit. Mais c’était quoi cette valise alors ?

     

    Un cadeau pour accompagner le dossier ? Une bombe ? En tous cas elle était lourde. Je l’ouvre ? Ou pas ? Si c’était un piège, pourquoi m’aurait on donné ce relevé téléphonique ? Tant pis, je l’ouvre.

     

    Le clic des verrous me hérissa les poils tandis que je basculai la partie supérieure du bagage.

     

    Ohputainsamèremercipèrenoël.

     

    C’était blindé de flingues ! Mais quand je dis blindé c’est blindé !! Avec les recharges et tout et tout !

     

    On aurait pu me mettre un mot du genre « Descend Kyle Wolffe pour moi. Bisous.», ça aurait été pareil. En tout cas, même sans mot, le message était passé.

     

    Une douche plus tard, la vieille Kaelle était de retour. Celle qui n’a peur de rien. Celle qui flingue n’importe qui et ne se fait jamais flinguer. Celle que j’avais adoré être.

     

    Enfin. Une Kaelle qui devrait peut-être songer à passer le permis un jour. Parce qu’un tueur qui prend le taxi c’est pas terrible. Je décidai de sortir du taxi plus tôt et continuai la route à pied. Il valait mieux arriver discrètement.

     

    Tiens au fait, il ressemblait à quoi Wolffe ? (hey, j’ai pas encore oublié son nom !) C’est un peu con de se poser la question seulement maintenant !

     

    Tant pis. C’était trop tard.

     

    Je vissai un silencieux au bout de mon arme et m’accroupis en arrivant près du bâtiment.

    L’endroit était assez isolé. Génial pour diriger tranquillement un business illégal, mais pratique aussi pour éliminer tout ce beau monde sans être dérangé par les voisins. Enfin, il faudrait pas que j’oublie d’interroger Kyle Wolffe avant hein. Histoire de voir le vrai rôle de Venditchatche dans cette affaire.

     

    Hé, minute. Et Eden dans tout ça ? Hum. Si je trouve à qui profitait l’explosion, ça peut rejoindre sa piste. Ouais, c’était un bon plan.

    Je coupai mon téléphone et me rapprochai silencieusement de l’entrée. Deux hommes y fumaient une clope sans trop se soucier des alentours. Visiblement il n’y avait pas beaucoup de gêneurs à qui faire la peau. Bon, ils faisaient quand même au moins 110 kilos chacun et il faudrait, soit bien viser la tête, soit tirer plusieurs balles pour les achever. Ça, c’était mon domaine. Je pourrais même leur tirer une balle dans la nuque pour faire croire à une exécution quand on retrouvera le corps.

    Je me rapprochai de plus en plus et perçus quelques bribes de conversation venant des deux hommes.

      -T’étais là quand un des clients a failli être castré ?

      -Ouais, on a dû s’y mettre à plusieurs pour maîtriser la situation. Wolffe a réussi à calmer le client. Enfin, je crois.

     

    Je fronçai les sourcils. On avait déposé sur mon lit une conversation téléphonique entre Wolffe et un de ses clients. J’avais globalement compris que Wolffe avait un petit commerce illégal qui lui rapportait une véritable fortune. Mais depuis le début je me demandais pourquoi il avait autant besoin de s’isoler pour un truc comme ça. Dans quoi il trempait ? Drogue ?

    Et si c’était un piège ?

    Pourquoi m’avoir donné des armes alors ?

    Non, j’étais totalement paumée.

    Ou alors on m’utilisait pour descendre Wolffe alors qu’il n’avait rien à voir là-dedans. Après on m’accuserait.

    Mais si Wolffe était innocent, je n’aurais jamais pu entendre cette conversation entre ses gorilles. J’irais voir par moi-même, hein. Je vais me faire repérer à force de me faire des films comme ça.

     

    Je me cachai dans l’angle d’un mur et attendis un moment. Juste le temps que les hommes, qui faisaient quelques pas, se retrouvent tous les deux dos à moi. Ensuite, tout fut une question de rapidité. Aucun n’eut le temps de réagir, et ils s’effondrèrent tous les deux face contre terre. Histoire qu’on voie bien le petit trou dans leur nuque.

    Je levai les yeux et vis des caméras de sécurité. Ok. Il faudra que j’efface mes traces en sortant. Mais du coup. On m’avait repéré ?

    Je soupirai. Sans Eden pour préparer le terrain, c’était plus chiant. Beaucoup plus chiant. Mais je ferais avec. Déjà, il fallait que je planque les corps des molosses. Hum, des bennes à ordures à côté. C’était pas mal !

    Je trainai le premier corps. J’avais l’impression de tirer un cachalot obèse. Déjà qu’un cachalot normal, c’était pas la joie, mais imaginez : un cachalot obèse !!

    Bon, il fallait que je me rende à l’évidence : je ne pourrais jamais le mettre dans la poubelle. Peut-être à côté, un peu caché, mais ça s’arrêtai là.

     

    Au second maintenant.

    Bordel, j’ai juste éliminé deux gars et j’étais déjà crevée. J’aurais peut-être dû observer le terrain et préparer un plan, avant d’y aller.

     

    Il n’y avait personne pour me réceptionner à l’entrée et je pu monter jusqu’au deuxième étage où s’alignait une rangée de portes fermées. A quoi servaient-elles ? Qu’est-ce qu’il pouvait y cacher ?

    En examinant les serrures, je notai qu’elles pouvaient toutes se verrouiller. Wolffe devait avoir un passe. Wolffe et ses hommes. Ou alors il avait l’air bien con avec son trousseau à mille clefs. Je tentai d’en ouvrir une. Sans succès. Evidemment. Et si j’y collais l’oreille ?

     

    Il y avait des gens dedans. Des gens et… Oh bordel.

    Mon cœur bondit, manquant de m’arracher la poitrine, et ma gorge se serra jusqu’à ce que j’étouffe à moitié.

    Là, derrière cette porte. Une femme venait de hurler.

    Le genre de hurlement qui vous hérisse les poils. Un hurlement de terreur et de douleur mélangées.

     

    Putain c’était quoi ce truc ?!

     

    Je m’éloignai instinctivement de la porte, reculant de quelques pas.

     

    Qu’est-ce que Wolffe fabriquait ?

    Wolffe. Oui. C’était pour l’interroger que j’étais là. Ouais. Ouais. Il fallait que je trouve son bureau. Ouais. Peut-être au bout du couloir. Peut-être plus haut.

    Je me dirigeai vers l’ascenseur et me retournai. Cette fille hurlait. Et si…

    Je me collai contre une autre porte, et vacillai en entendant les cris d’une autre femme. Les cris et les pleurs.

     

    Ma vue se brouilla et je tentai de reprendre mon équilibre en m’appuyant contre le mur.

     

     Un petit lapin

    Qui courrait dans l’herbe

    Je l’attrape par le cou

    Je le montre à ces messieurs

    Ces messieurs me disent

    Ébouillantez-le

    Faites le frire

    Ça fera un lapin en moins.

    N’est-ce pas Kaelle ?

     

    C’était pas le moment. Vraiment pas le moment. Il fallait que j’arrête ces cris. J’essuyais les larmes qui coulaient sur mes joues.

     

    La porte.

    La porte.

     

    Il fallait que j’ouvre la porte. Je tentai de tirer sur la poignée sans résultat avant de me rendre compte que j’avais un flingue en main. Il me suffisait de tirer pour faire sauter la serrure.

    De tirer et d’y donner un grand coup de pied pour l’ouvrir.


    Ce fut très efficace mais je regrettai immédiatement mon geste.

    Mon estomac se retourna, et mes poumons furent incapable de reprendre de l’air.

     

    En face de moi, un homme corpulent, la quarantaine, presque chauve, mais propriétaire d’une montre qui devait couter très cher, était en train de sodomiser une blonde au dos ensanglanté. Je repérai un objet brillant dans sa main droite. Brillant et couvert de sang. Putain de malade ! Putain ! Putain ! Putain !! PUTAIN !!!

    L’homme s’effondra, et je me rendis compte, seulement là, que mon bras était levé, l’index serrant très fort la gâchette de mon arme.

    La femme continuait de pleurer en poussant des petits cris de douleurs. Elle se recroquevilla, et je me retournai en entendant des bruits de pas accourant dans le couloir. Je titubai vers l’encadrement de la porte, essayant de respirer.

     

    Wolffe, espèce de connard. Comment tu peux faire ça ?! Comment tu peux… Putain de bordel de merde !

    Je fouillai dans mon sac en jaugeant le nombre de personnes qui arrivaient. Je n’arriverais pas à utiliser mon flingue, ni à me battre au corps à corps dans cet état-là. On m’avait offert des grenades et des fumigènes. Pour le moment, les fumigènes pouvaient servir.

     

    L’épaisse fumée se répandit très vite et je pouvai me barrer. Mais quelque chose me poussait à  ouvrir les autres portes. A vérifier.

     

    Une poussée d’adrénaline me permit de défoncer de nouveau la porte d’à côté. C’était une brune, cette fois, à moitié étranglée et couverte de bleus, à genoux devant un type à poil.

     

    Wolffe était un putain de malade ! C’était plus que de la pro…p…pros… Arg ma tête !

    L’homme se jeta sur moi.

     

    …Je n’ai jamais descendu quelqu’un aussi vite… Surtout à moitié dans les vapes.

     

    Tout tournait autour de moi, mais j’étais déterminée à descendre Wolf. Cet espèce de connard interplanétaire cracherait tout et crèverait en souffrant comme ces pauvres filles ! Comme si c’était pas assez de les vendre comme ça ! De les prrr….. Pro…prosti… AAAAH ! TU VAS CREVER ENFLURE ! Tu vas crever pour avoir fait ça à TA fille !

     

    Je relevai la tête en haletant. Les autres, derrière, continuaient d’avancer à travers la fumée, et ne tarderaient pas à me rattraper. J’ouvris une troisième porte et descendit le salaud qui s’y trouvait sans même prendre le temps d’analyser quelle torture il infligeait à la fille avec lui. Je me retournai à temps pour tirer sur le premier garde qui braquait son arme sur moi. Je le blessai à l’épaule et un autre derrière bondit. Il me flanqua un tel coup de poing, que je me sentis glisser à terre tandis que tout devenait noir autour de moi. C’était pas le moment de tomber dans les pommes ! Non !

     

     

     

    Je suis foutue !

     

     

    Lorsque je rouvris les yeux, j’étais dans un lit. Merde ! Ils m’avaient capturée et mise dans une de leurs cellules !

    Une sonnerie retentit, et je reconnu celle de mon téléphone. Je l’avais pas mis sur vibreur ? Je me redressai et repérai mon sac au pied du lit.

    Tiens… Cette pièce m’était familière en fait. Je décrochai.

      -T’étais où hier soir ?

     

    Daniel semblait inquiet.

     

    C’était donc pas lui qui m’avait ramené à mon hôtel hier soir.

      -Je…

     

    Comment lui expliquer que je ne savais pas comment j’étais rentrée chez moi ? Il se méfierait d’un éventuel sauveur, mais, au vu du mystérieux dossier sur Wolffe, et de la mystérieuse valise d’armes, je ne pouvais que conclure que je bénéficiais d’un mystérieux allié.

      -Tu ?

      -J’ai suivi ton conseil. Et j’ai trop bu.

     

    Silence.

     

    C’était crédible !

    Tiens, c’est quoi ce dossier sur la table de chevet ? Il ressemble pas à celui d’hier…

      -Rendez-vous à midi à la « mouette rieuse ».  J’ai des informations.

     

    OH PUTAIN !!!

      -…. J’aurais aussi des informations…

     

    Je raccrochai sans donner plus de détail, et tombai mollement sur le matelas. Je n’arrivais pas à réaliser ce que j’avais sous les yeux. Non, c’était pas possible. C’était pas possible !!!!

     

    Il fallait décidément que j’aie une petite discussion avec Vendini la tchatche.


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  • C'est parti pour le chapitre 6 ! A l'heure actuelle, j'en suis encore à taper le chapitre 13, mais comme les examens sont passés et que je n'ai pas encore une montagne de projets à rendre, je vais tenter d'avancer au maximum pour pouvoir passer à deux chapitres par mois. Je vous tiens au courant !

     

     

    Yael Naim: New Soul

     

    L’article concernant l’usine qui m’intéressait mentionnait le groupe auquel elle appartenait. La Wolffe Industrie. J’avais déjà entendu parler de ce truc. Dans certains magasins de fringues. Je crois même que j’avais quelques jeans venant de chez eux.

    Ca collait avec le fait que l’usine ait été une usine de textiles. Rien à signaler.

     

    Bon, maintenant il restait à voir qui la dirigeait et, pour ça, il fallait que j’utilise internet. J’hésitai entre trouver un cybercafé ou acheter un ordinateur. Avoir mon propre ordinateur serait plus pratique, bien sûr. Mais Eden avait toujours refusé d’en avoir, sous prétexte qu’on devenait trop repérables en l’utilisant. De toutes façons j’étais nulle en informatique alors je pouvais faire une croix dessus.

    En fait j’étais nulle en plein de trucs en y repensant bien. C’était déprimant.

     

    Plus je devais me débrouiller par moi-même, plus je me rendais compte qu’Eden nous avait maintenus dans une bulle, nous protégeant du monde extérieur.

    Comment Daniel s’était-il réintégré aussi facilement ? Je galérais à trouver un boulot, et encore plus à me décider à prendre un appart. Un truc fixe.

     

    Enfin, Daniel avait peut-être une vie avant Eden. Moi je n’avais…  Non, il fallait plus y penser. Plus jamais.

     

    Enfin bref. Il fallait que je trouve un cyber café.

    Le téléphone d’Eden avait une fonction de recherche. Ce qui était très pratique quand on cherchait l’antre de la prochaine cible. Je n’avais jamais été vraiment convaincue jusqu’à récemment. Pour moi, un téléphone, ça téléphonait et envoyait des SMS. Point. Mais j’en avais découvert l’aspect pratique à la mort de mon ex patronne.

    Ça ne veut pas dire que j’ai changé mon téléphone depuis, hein. J’ai toujours une antiquité qui remplit à merveilles ses fonctions basiques. De toute façon, à part chercher du boulot, je foutais rien depuis des mois. J’avais ni besoin d’un téléphone ultra sophistiqué, ni même d’un ordinateur. Jusqu’à maintenant.

     

    Trouver le cyber café fut facile. Demander ce que je voulais une fois à l’intérieur le fut moins. Je bafouillai comme une vieille qui découvrait la technologie :

      -Je veux aller sur internet.

     

    Ce qui était logique, vu où je me trouvais.

     

    Hé, une minute !...... Kaelle t’es trop conne.

     

    Je sortis sans dire au revoir. J’avais trop honte. Le téléphone d’Eden… Il avait internet ! Après deux trois manipulations je trouvai le… la… internet quoi. L’écran était petit mais je me débrouillais pas mal avec le tactile. Bon, par contre j’avais l’air d’une conne plantée comme ça au beau milieu de la rue. Je regardai à droite et à gauche avant de trouver un bar où m’asseoir. Le serveur me sauta dessus immédiatement et posa la carte de telle sorte que je ne manque pas de voir les glaces hyper appétissantes qu’elle proposait. Bon, il n’y a pas de mal à me laisser tenter, hein. Surtout quand c’était un super mélange de glace à la menthe et au chocolat.

    Et puis pourquoi pas un café, tiens.

     

    Alors, cette usine… En tapant « usine » « explosion » « Wolffe industrie » et « Sunset bay », je trouvai une liste d’articles à ce sujet. C’était magique internet.

     

    La glace menthe-chocolat en face de moi l’était encore plus.

     

    Avant même d’avoir pu la terminer, je trouvai le nom de la personne qui avait été arrêtée. Un truand apparemment. Un bouc émissaire parfait quoi (On ne dit pas plutôt « bouquet mystère » ?  ). Surtout qu’avec tout ce qu’on lui avait rajouté sur le dos, il devait sûrement encore être en prison. Et si je lui faisais une petite visite ?

     

    Je goutai au café et grimaçai. Il était très fort et pas sucré. C’était parfait.

     

    Cherchez pas à comprendre, moi-même je sais pas pourquoi je l’aime infâme comme ça.

     

    Je bus une seconde gorgée, et une chose évidente me sauta à la figure. Le téléphone d’Eden. Avait. Internet. Eden est morte depuis des mois.

     

    Qui payait l’abonnement alors ?

     

    Cette seule question me refroidit d’un coup. Est-ce que cette personne savait qu’Eden était morte ? Non, sinon elle ne continuerait pas à payer un abonnement dans le vide. A moins que… Non, je devenais parano. On ne pouvait pas l’avoir fait pour moi. Personne ne savait que j’avais récupéré ce téléphone à part Daniel et Venditchatche.

     

    Daniel… Et si… Non… Mais si… Mais nooooon. Il ne pouvait pas transférer un abonnement en ayant coupé les ponts avec Eden ! A moins que ce que Vendini la tchatche avait dit soit vrai. Il se la tapait. Le salaud ! A moins que ce soit notre pote aux yeux blancs qui soit derrière tout ça. Il parlait beaucoup trop pour ne rien dire et savait déjà que j’étais plus avec Eden lors de notre seconde rencontre. Peut-être même à l’entretien d’embauche !

     

    Je m’occuperais de cette affaire après. Pour le moment j’avais un prisonnier à interroger. Tiens d’ailleurs comment j’y allais au fait ? Il y avait des bus ? Avec des gens… des tas de gens dedans… Qui se colleraient à moi… Je vais prendre un taxi.

     

    Je manquai d’oublier de régler mon café et ma glace, mais une fois que ce fut fait, je me précipitai dans le premier taxi arrêté. Et me rendis compte après avoir fermé la porte qu’il y avait déjà quelqu’un dedans. Un blond en costume. C’était pas Daniel, mais il était tout aussi classe. Sauf qu’on aurait presque dit qu’il était né avec un costume tellement ça faisait cool et naturel sur lui. Et puis il était pas trop dégueu. Avec des putains de beaux yeux bleus. Le genre qui doit ramener une fille tous les soirs. Sale pervers.

    C’est pas tout, mais il faut que je sorte de ce taxi du coup. Fait chier.

      -Aaaattendez !

     

    J’avais déjà une jambe dehors et je dus me tordre pour regarder l’inconnu classe.

      - Ca ne me dérange pas de partager ce taxi. Vous allez où ?

     

    Je beuguai complètement devant sa demande et son sourire sincère. J’allais vraiment lui dire que j’allais en prison du coup ?

      -Euh… Archgate…

      -C’est sur mon chemin. Venez.

     

    Allez savoir pourquoi, j’ai remballé ma jambe dans cette voiture et attaché ma ceinture. En plus il risquait de me causer sur tout le chemin, alors que je n’avais aucune envie de parler.

    Enfin, par chance, il resta silencieux jusqu’à ce que je descende la première, à la prison d’Archgate. Rien que le nom de ce truc me donnait des sueurs froides. Je suis sûre qu’il y avait une place pour moi. Depuis des années. Bien avant ma rencontre avec Eden.

     

    Je déglutis et attendis que le taxi parte pour avancer d’un pas incertain.

     

    Laaaapinou, gentil lapinou

    Laaapinou je te crèverai.

     

    Ta gueule Lucy.

     

    Bon, une fois rentrée, où est ce qu’il faut aller pour demander les visites ?

     

    Je te crèverai la tête      

    Je te crèverai la tête

     

    Les battements trop rapides de mon cœur rythmaient la comptine de Lucy, et je savais que je ne tarderais pas à la voir si je continuais à stresser autant.

     

    Tiens, ça ressemble à un bureau d’accueil. Enfin euh … ouais. Vite fait hein.

      -Bonjour. Tentais-je.

     

    Le bouledogue femelle leva les yeux de son sudoku.

      -J’peux vous aider ?

     

    Et la tête

    Et la tête

    Laaaaapinou

     

      -Je voudrais rendre visite à un détenu, euhhhh.

     

    Merde comment il s’appelait déjà ? Je jetai un œil au téléphone d’Eden. Ah oui, c’était ça.

      -Patrick Graham. C’est possible ?

      -Remplissez ça. Grogna-t-elle en sortant un formulaire de sous son bureau.

     

    Okkkk…. Et j’écris avec quoi ? Mon sang ? Ah non, les stylos sont dans un coin au fond de la salle.

    Aaaaalors : nom… Je faillis avoir le réflexe d’y mettre un faux nom. Et puis je me rappelai que j’en avais déjà un.

     

    Nom : Ronaut

    Prénom : Hélène

    Date de naissance : 18/08/1988

     

    Merde, c’est bientôt mon anniversaire ! Oh et puis rien à foutre. C’était pas terrible de fêter son anniversaire toute seule. Peut-être faire la tournée des bars. Peut-être. Je n’avais pas trop bu depuis la mort d’Eden. Trop peur de dire des trucs compromettants une fois bourrée. Trop peur de faire ressurgir l’Autre aussi.

     

    Bref, je donnai le formulaire rempli à la euh… secrétaire qui survola rapidement la feuille avant de me montrer les sièges d’un signe de tête. Ou plutôt un signe de bourrelet.

      -On vous appellera.

     

    Je comptai rapidement les personnes qui attendaient déjà et en conclus que je verrais mon détenu demain matin.

     

    Beaucoup d’entre elles étaient d’origine étrangère. Après il y avait un petit maigre tout moche, une belle fausse rousse, trois mafieux en costume, et un gros tatoué. Ce dernier me fit comprendre du regard qu’il valait mieux arrêter de les observer, si je voulais rester en un seul morceau.

     

    Il me fallait vraiment un flingue. J’en avais ras le bol d’être faible comme ça.

     

    Le gros tatoué me regardait bizarrement maintenant. De manière très explicite. Je me sentais encore plus mal à l’aise.

     

    Laaaapinou, gentil lapinou

    Laaapinou je te crèverai.

     

    Il caressa discrètement son entrejambe en passant la langue sur ses lèvres. La chaleur de la pièce avait soudainement augmenté et tout commençait à tournoyer peu à peu.

     

    Je te crèverai les yeux   

    Je te crèverai GROS PORC !

     

      -Le numéro 230. Appela une voix froide.

     

    Ses yeux se détournèrent de moi et il se leva pour suivre la personne qui l’avait appelée. Je me sentais mieux maintenant.

     

    Observer une salle d’attente en prison était une très mauvaise idée. Observons plutôt la déco.

     

    Je ne m’intéressais jamais vraiment aux détails. Les faits étaient toujours plus importants. Mais bon, là j’avais sans doute une journée complète à tuer dans cette pièce.

     

    A tuer. En prison. Ok, c’était nul comme jeu de mot.

     

    Bref. La pièce était peinte en vert. Vert bouteille. Pas terrible comme choix. Le sol était carrelé et composait une série de motifs…. Carrés. Bleus, gris et jaunes. C’était toujours pas terrible. Les chaises étaient banales, pas confortables, sans doute achetées en lot dans une boutique discount. Au plafond, l’ampoule était encadrée d’hélices qui brassaient de l’air chaud et donnait à la pièce l’air d’un hélicoptère, avec l’extérieur construit à l’intérieur. Glauque.

      -239.

     

    Ah, c’était moi ça ! Ah oui, tout le monde était passé et avait été remplacé par d’autres.

     

    Je me levai et résistai à l’envie de masser mes fesses douloureuses et sans doute marquées par la chaise. Pas devant les gens.

    Je sentis mon cœur bondir lorsqu’on examina ma carte d’identité un peu trop longtemps, mais finalement passai à l’étape suivante. Je vidai mes poches, réussi avec succès l’épreuve du détecteur de métaux, et finalement me retrouvai de nouveau assise sur une de leur chaise de la mort.

     

    Le mec que je devais voir, et dont j’avais, tout naturellement, oublié le nom, avait la tête du truand de base. D’un boucher mi…bouc…bouquet mystère. Un stéréotype quoi. Sans doute iranien, mince, avec des yeux de fouine, et un nez tordu à force d’être cassé. J’ai rien contre les iraniens, hein, mais on en avait eu un dans l’équipe avant, et les gens étaient tellement racistes qu’il avait dû se spécialiser dans la diversion. Il n’avait jamais eu à faire grand-chose pour ça. Juste à être là. Pourtant c’était un chouette type. Super sympa. Je ne pense pas qu’il aurait trahi Eden d’ailleurs.

    Dommage qu’il se soit fait descendre. Un groupe de méga racistes. Armé. La meilleure diversion qu’il nous ait fournie. Tout le monde était occupé à regarder son cadavre comme s’il s’agissait d’une animation de foire pendant qu’on descendait je sais plus qui dans le bâtiment d’en face. Le pire c’est que les flics ont félicité ses assassins. Genre il avait l’air suspect et faisait sans doute partie d’un groupe terroriste.

     

    Ça me faisait gerber ces trucs.

     

    Instinctivement, je me mis à éprouver de la pitié pour le mec en face de moi. C’était juste une victime. Bon, ok, une victime avec un casier bien chargé. Mais qui n’avait pas fait exploser l’usine de textiles.

     

    J’ouvris la bouche. Merde. Qu’est-ce que je pouvais bien lui demander en premier ? Comment aborder le sujet ?

      -J’te connais pas toi. Commença-t-il. T’es flic ?

      -Nan. Mais je m’intéresse à l’usine que t’as soit disant fait exploser.

     

    Il se redressa, intéressé.

      -J’l’ai pas fait exploser.

      -Je sais.

      -Alors pourquoi t’es ici ?

      -Tu sais quoi sur ce qu’on trafiquait là-bas ? Pourquoi ils t’ont accusé toi en particulier ?

     

    Il recula et croisa les bras.

      -J’en sais rien.

      -On te fout en taule et tu défends les mecs qui t’ont fait porter le chapeau. Je comprends pourquoi ils t’ont choisi. T’es trop con pour voir que tu pourrais les couler comme ça.

     

    Je claquai des doigts, et le fixai droit dans les yeux dans l’espoir qu’il craque.

      -Je sais que vous blanchissiez de l’argent dedans. D’où venait cet argent ?

      -On me tuera si je parle.

      -J’te dirais bien que je te tuerais si tu parles pas. Mais je vais choisir une alternative plus probable. Je tuerais ton boss si tu parles.

      -Tu bluffe.

      - J’ai l’air de bluffer ?

     

    Visiblement non, puisque son visage se transforma progressivement. Un sourire s’étira sur ses lèvres gercées et une vague lueur traversa son regard.

      -Il s’appelle Antonio Vendini.

     

    Ben voyons ! Je pouvais pas tomber sur pire ! Enfin, c’était quand même bizarre.

      - Je savais pas que Vendini travaillait pour la Wolffe Industrie.

      -Il fait pression sur son patron pour servir ses intérêts.

      -Pourquoi avoir fait sauter l’usine ?  

      -Aucune idée. Je suis pas au courant de tout. J’étais qu’un employé de Monsieur Wolffe.

     

    Je réfléchis quelques instants.

      -Et il travaille toujours pour Vendini ?

      -J’sais pas.

     

    Machin était de plus en plus nerveux.

      -T’es sûre que tu vas le descendre ?

      -Quoi ? C’est parce que je suis une femme que t’as des doutes ? Grondais-je.

      -T’as pas l’air d’avoir les couilles de le faire. Avoua-t-il.

     

    Et tout à l’heure alors ? Ce mec était amnésique ou quoi ?!

    J’ouvris la bouche et hésitai. Il valait mieux ne pas me vanter. Il pouvait très bien me balancer aux flics contre sa liberté. Peut-être que son but était de me faire parler justement.

      - Rien à foutre que tu me croies pas. De toute façon, j’ai eu ce que je voulais. Conclus-je en me levant.

     

    Ciao Bidule.

     

    Je récupérai mes affaires et traversai le bâtiment cent fois plus vite qu’à l’aller. Cette prison était angoissante. Il fallait que j’en sorte au plus vite.

     

    Une fois à l’air libre, je cherchai rapidement le numéro d’un taxi sur mon téléphone… euh, celui d’Eden, et levai les yeux.

     

    Je sentis le sang quitter mon visage et mes genoux s’affaiblir légèrement. Il était là. Le gros tatoué.

     

    Je n’avais plus de souffle et la voix nasillarde de Lucy commençait à me parvenir. Il fallait que je me calme.

    Je fermai les yeux quelques secondes en soufflant doucement.

     

     

    Lorsque je les rouvris, l’homme avait disparu. Etrange.

     

    Bon, c’est pas tout ça, mais j’avais un taxi à prendre moi.

    Quelques minutes plus tard, je m’affalai sur la banquette arrière d’une voiture, et somnolai jusqu’à mon hôtel.

     

    Demain, je devrais de nouveau changer d’hôtel. Histoire d’éviter de me faire repérer. Je devrais peut être me débarrasser de quelques affaires. Voyager le plus léger possible.

    Et peut-être tester des hôtels de luxe. Après tout c’est Daniel qui fournissait le fric.

     

    … Et peut-être qu’il serait moins facile d’entrer dans ma chambre pour poser des dossiers sur mon lit… Qu’est-ce que c’était que ce bordel encore ? Daniel ? Il pouvait pas m’appeler ? Monsieur la Tchatche ? Déjà que j’avais autant envie de le voir que de choper une gastro, alors s’il prenait de l’avance, là, ça n’allait pas du tout !

     

    Je m’assis sur le rebord du matelas et observai le dossier. Neutre. Avec rien écrit dessus. OOOOOkkkay. Le contenu, par contre, était beaucoup plus intéressant. Je mis un peu de temps avant de comprendre ce dont il s’agissait mais une fois que tous les morceaux furent assemblés, tout était évident. Enfin, presque.

     


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