• Chapitre 5: Un chapitre fleuri

    J'aime particulièrement ce chapitre. Pourquoi ? J'en sais trop rien, peut être parce que c'est surtout à partir de ce moment que j'ai vraiment commencé à explorer les sentiments de Kaelle et sa relation aux personnages. D'ailleurs, quand on parle de relation aux personnages, je galère un peu sur ce texte: je dois les faire évoluer, créer des liens, mais au final, il m'arrive de faire des pages et des pages où il ne se passe... absolument rien... (pas de panique, c'est le soucis du chapitre 10 pour le moment... J'ai largement le temps de le re travailler d'ici sa publication). Ce texte, bien que cent fois plus élaboré que la première histoire (je trouve), est aussi bien plus compliqué à mettre en place. Mais si je m'en sors bien (et je DOIS m'en sortir bien ! Perfectionnisme oblige), je pense que ça fera un truc plutôt cool. Oui, je sais, je me lance des fleurs, mais l'air de rien, je ne suis pas facilement satisfaite de ce que j'écris. Cette série (peut on parler de série quand il n'y a que deux histoires ? )est l'une des rares histoire dont je suis particulièrement fière. Peut être est-ce aussi du fait que c'est la seule qui a reçu pas mal de commentaires positifs, qui sait. (noooon je ne vous invite à peine pas à commenter....)

    Bon bon bon, je vous laisse à votre lecture. Et passez de bonnes fêtes !

     

    Emilie Simon "Le vieil amant"

     

     

    Ma nouvelle chambre d’hôtel était plus petite que l’ancienne. J’avais même pas ouvert ma valise, trop occupée à réfléchir à un plan d’action.

     

    Résumons :

    *        Monsieur la Tchatche connaissait Eden. Il en sait sûrement beaucoup à son sujet, mais enlever le Pape était sans doute plus facile qu’extorquer la moindre petite information à Vendini la Tchatche.

    *       Eden est impliquée dans une explosion d’usine pas très nette.

    *        La police savait que l’affaire était louche mais tout a été étouffé. Deux hypothèses sont possibles : la première c’est qu’il s’agissait d’une attaque directe envers un concurrent du MEE (Mystérieux Employeur d’Eden). La seconde est que le MEE voulait faire disparaitre des preuves à son sujet. Dans tous les cas, j’étais sûre qu’il était derrière cette affaire. Ou alors il a juste protégé les arrières d’Eden sur une affaire lambda. Raaaahh ! Ça me gonfle ! Je peux être sûre de rien !

    *         Il y avait des gens qui enquêtaient sur cette usine. Pourquoi maintenant ? Et pourquoi cette usine ? Peut-être qu’ils sont sur la piste de cet étrange gang.

    *         Et sinon je pouvais toujours insister auprès de Daniel. Il avait travaillé assez longtemps auprès d’Eden pour connaitre quelques détails de ses affaires. C’était même son bras droit ! Ouais, Daniel la sainte nitouche était l’ancien bras droit d’Eden ! Ça en disait long sur les capacités qu’il cachait sous sa cravate !

     

    Après une looooongue réflexion, de quelques secondes, j’optai pour cette dernière piste. Je composai le numéro de Daniel.

      -Kaelle… Gronda-t-il à l’autre bout du fil.

     

    Mais je ne lui laissai pas le temps d’en dire plus. Je lâchai à toute vitesse.

      -Vendini !

     

    Silence. Je l’avais déstabilisé.

      -Qu… Quoi ?

      -J’ai été contactée par un certain Vendini. Tu connais ? Lui en tout cas il te connaît. Il dit même que tu couchais avec Eden.

     

    Daniel étouffa une insulte et je l’entendis souffler pour garder son calme.

      -Vendini est un petit mafieux sans intérêt. Il a collaboré avec nous il y a quelques années.

      -Alors pourquoi il y avait plein de photos d’Eden et d’articles sur elle, dans son bureau ? Et putain, t’as couché avec elle ?

      -Non. Je n’ai pas couché avec. Ecoute. Éloigne-toi de lui. C’est un malade. Tu ne trouveras rien sur Eden. Il te descendra à la première occasion.

      -Merde Daniel ! Quand est-ce que tu comprendras que je lâcherais pas l’affaire ?! Et vas pas me dire que toi aussi ça te bouffe pas cette histoire. Tu t’es fait manipuler par un putain de psychopathe de merde tellement tu voulais savoir son secret !

      -Et regarde où ça nous a menés ! Lâche l’affaire Kaelle !

     

    C’était la première fois que Daniel me gueulait dessus. Enfin, gueulait tout court. Mais j’avais plus d’expérience que lui dans ce domaine.

      -Va te faire foutre ! Tu m’as embarquée dans ce merdier. C’est de ta faute ! La moindre des choses est de savoir le fin mot de cette putain d’histoire !

     

    Silence. Silence. Et il me raccroche au nez. Connard !

     

    J’avais envie de hurler, de cogner, de tuer. De me défouler !

    Qu’est ce qui clochait chez ce mec ?!  Qu’est ce qui tournait pas rond dans sa foutue tête de premier de la classe ? Et me dites pas qu’il est passé à autre chose ! Il a pactisé avec un… Un… Merde ! Merde ! Merde ! Pourquoi il a tout gâché ?! Tout allait bien avant qu’il s’en aille! Alors pourquoi ?! Pourquoi j’ai dû ouvrir les yeux sur Eden ?!

     

    Saisissant un des coussins du lit, je donnai un grand coup de poing dedans. Puis recommençai encore et encore jusqu’à m’effondrer dessus en y étouffant un cri de rage.

     

    Daniel était l’ancien bras droit d’Eden. Il avait convaincu tout le monde de la trahir. Il était aussi coupable que le ténébreux de ce qu’il m’était arrivé. Il le savait. C’était pour ça que je vivais à ses frais. Pour ça qu’il s’acharnait à me rendre une vie normale.

     

    Normale. Normale ! Mais je n’ai JAMAIS eu de vie normale ! Même mon enfance ne l’était pas ! Alors qu’est-ce qu’il essaye de me faire vivre comme ça, ce con ?!

     

    Je pleurais. L’oreiller m’étouffait un peu, mais je pleurais quand même. En fait, je ne me souviens pas avoir pleuré depuis que Daniel m’a retrouvée dans la maison du ténébreux.

     

    Et putain que ça faisait du bien !

     

    Je continuais à pleurer pendant des heures. Enfin, c’est ce qu’il m’a semblé. Et j’étais tellement vidée et crevée après ça, que je m’endormis dans la foulée.

     

    Au réveil. J’avais des valises sous les yeux et j’avais faim. Mais j’étais un peu plus légère aussi. J’en avais plus rien à faire de Daniel. Qu’il aille se faire foutre. J’avais la piste de ces enquêteurs dont le clochard m’avait parlé et je ne perdrais rien à la suivre.

     

    Ma conviction se renforça sous la douche. Elle était en béton !

     

    Elle était même en acier lorsqu’on frappa à ma porte.

     

    Elle ne fut plus qu’en plâtre quand j’ouvris à Daniel.

      -Qu’est-ce que tu fous là ?

      -J’ai réfléchi. Tu avais raison.

     

    J’aurais dû sauter de joie, ou un truc comme ça. Mais j’avais juste envie de lui foutre mon poing dans la gueule.

      -Et puis comment tu m’as retrouvée ?! Je t’avais pas dit que j’avais changé d’hôtel !

      -Ton téléphone.

      -Quoi mon téléphone ?

     

    Je marquai un temps de pause, le temps de comprendre ce qu’il voulait dire. Puis écarquillai les yeux.

      -Tu me pistais ! Tu… Tu… Espèce de…

      -C’était en cas de problème. Eden faisait la même chose à l’époque, au cas où l’un d’entre nous se faisait prendre, je te rappelle. J’ai gardé l’habitude.

    Il attira mon attention sur le sachet qu’il avait en main en l’agitant sous mes yeux. Puis sur l’autre main, où deux gobelets de café reposaient sur un socle en carton.

      -J’ai apporté de quoi déjeuner. Tu me laisses entrer ?

     

    Je croisai les bras. Je crevais la dalle mais on ne m’achetait pas.

      -Je déjeune pas.

      -Bon, à défaut de déjeuner. Tu voudras sans doute savoir ce que je sais sur Vendini.

     

    Bon, ok, on pouvait m’acheter en fait.

    Ce fut comme une sorte de mot de passe. Je m’écartai et le laissai entrer. Daniel posa le café et le sac sur la table de chevet avant de s’asseoir au bord du lit.

    C’est vrai que c’était pas top pour manger, mais, personne ne pouvait nous écouter ici.

    Je restai silencieuse quelques minutes, et, finalement, craquai et pris un beignet.

      -Vous étiez sur quel genre de missions quand vous avez rencontré Vendini ?

     

    Daniel bu une gorgée de café et soupira.

      -On devait effacer des traces. Vendini avait tué un homme qui avait des liens compromettants avec notre employeur.

      -C’est tout ?

      -Nous sommes tombés sur un clan de russes qui a voulu nous faire la peau. Vendini y compris. Alors nous nous sommes alliés.

     

    Je fronçai les sourcils. Terminai mon beignet. Et sorti les photos prises chez Venditchatche avant de reprendre un beignet. Je ne pouvais plus manger de viande, alors je profitais un maximum des pâtisseries avant de tomber sur un psychopathe qui m’en dégouterait.

      -Mais je me souviens qu’on est souvent repassés à Sunset bay. Eden disait qu’elle avait des affaires à régler.

     

    Daniel ne répondit pas tout de suite. Il examinait les photos en terminant son café. J’en profitai pour m’asseoir en tailleur et  entamer mon troisième beignet.

      -Je ne sais pas non plus ce qu’elle y faisait. Elle ne voulait pas que je l’accompagne.

      -Tu crois que ça a un lien avec Vendini ?

      -C’est un malade. Je ne pense pas qu’elle soit retournée le voir.

     

    Je secouai la tête et bu une gorgée de café avant de lui faire remarquer :

      -On est tous plus ou moins malades. Sinon on aurait jamais fait ce boulot.

     

    Il ne me répondit pas, mais je vis un coin de ses lèvres s’étirer.

      -Et ce mec tout maigre sur les photos. C’est qui ? Demandais-je.

      -Un indépendant. Je n’en sais pas plus mis à part le fait qu’il a donné du fil à retordre à Vendini.

      -Et Eden ? Elle lui a donné du fil à retordre ?

      -Elle a failli lui décrocher la mâchoire, lui casser des membres, il l’a poignardée. Donc oui, en quelque sorte.

     

    Je considérai les photos un instant. C’est peut-être pour ça qu’il a des articles et des photos sur elle.

      -Je suis sûre qu’il a mené une enquête sur elle. Mais il veut rien lâcher.

      -C’est un personnage très particulier. Comme je te l’ai dit, tu n’en tireras rien et il te descendra à la première occasion.

     

    Quatrième beignet ou pas ?

      -Et tu te souviens d’avoir fait exploser une usine ici ?

     

    Quelque chose passa furtivement dans ses yeux, mais son calme légendaire était comme un masque qui ne laissait rien filtrer.

      -Un contrat comme un autre. Eden ne nous a pas expliqué les détails. Tu sais très bien que les employeurs ne veulent pas de mercenaires trop curieux.

      -J’y suis allée hier. Un clochard m’a dit que deux personnes enquêtaient dessus.

      - On n’a laissé aucune trace. C’est pas notre souci si l’employeur a des problèmes après. Répondit-il froidement.

      -Quelque chose me dit qu’Eden avait un lien avec celui-là.

      -Tu n’as rien pour le prouver.

     

    Je détestais qu’on me mette ce genre d’évidence sous le nez.

      -C’est la seule piste que j’ai pour le moment. Et puis pourquoi ces personnes enquêteraient sur cette usine alors ?

     

    Daniel haussa les épaules et passa une main dans ses cheveux blonds.

      -Si on a fait appel à nos services, c’est qu’il y avait déjà quelque chose de louche.

      -Hé ! Tu es venu pour m’aider ou me décourager ?

     

    Il s’excusa rapidement mais le mal était déjà fait. La piste de l’usine était un coup de poker. Je passai à une autre priorité qui m’avait cruellement fait défaut ces derniers temps.

      -Il me faudrait un flingue.

      -Hors de question. Il faut te faire discrète avec ta nouvelle identité.

      -Tout le monde en a une en Amérique ! Même les femmes au foyer ! Je pense pas que j’attirerais trop l’attention !

     

    Mais Daniel n’était toujours pas convaincu. Il croisa les bras sur son torse et secoua la tête. Je me rapprochai et pris un ton plus dur.

      -Je n’ai pas envie de me retrouver de nouveau sans défense contre un mec comme Vendini.

     

    Si ça c’était pas une bonne excuse !

     

    Il se renfrogna et me dit qu’il allait y réfléchir.  Au moins il allait y réfléchir.

    Je jetai les gobelets vides et me levai.

      -Bon, et maintenant, on fait quoi ? On commence où ?

      -Quand j’ai connu Eden, elle savait déjà comment s’y prendre mais ne pouvait pas effacer les dossiers. Nous avons fui quelques années. Et puis, un jour, elle est arrivée en disant qu’on nous laisserait tranquille désormais.

     

    Son regard était perdu au loin mais son expression toujours aussi neutre.

      -Vous aviez fait une mission particulière ?

      -Non, et les contrats étaient rares. Le dernier datait de plusieurs mois. Elle avait été contactée on ne sait comment.

      -Et la mission juste après ?

      -On n’a eu aucune mission avant au moins un mois. C’était un évènement totalement isolé. Je pensais qu’elle avait payé les enquêteurs chargés de l’affaire ou quelque chose dans le genre.

      -Mais elle ne pouvait pas corrompre tous les flics à chaque fois !

      -Je le sais maintenant. Mais, à l’époque, elle nous demandait juste de lui faire confiance sans poser de questions. En échange, elle fermait les yeux sur notre passé et nos travers.

      -Donc, on l’a contactée et effacé tous nos casiers sans rien lui demander en retours. Pourquoi ?

      -Aucune idée.

      -Peut-être pour des futurs services gratuits…

      -Toutes les missions étaient payées.

      -Elle baisait avec ?

     

    Il ne répondit pas, mais son regard parla à sa place, et je me rendis compte de ma connerie. Eden n’était pas une pute.

      -Peut être qu’elle le faisait chanter alors.

      -Quelqu’un qui peut étouffer n’importe quelle affaire aurait largement eu les moyens de la faire disparaitre sans que personne ne s’en aperçoive.

      -Pas con.

      -Ce qui est sûr c’est qu’il s’agit de quelqu’un de très influent et sûrement riche.

      -Il y en a beaucoup de mecs comme ça ?

      -Plus que tu le crois.

     

    Je ricanai.

      -T’imagines, c’est le Président…

     

    Regard dédaigneux de monsieur pince sans rire. L’humour c’était pas son fort.

      -Vendini a enquêté sur elle. Je l’ai vu dans son bureau.

     

    Il soupira et se leva.

      -Je t’ai dit de laisser tomber Vendini. Bon, je dois passer quelques coups de téléphone importants. Pour le boulot. Je reviens ce soir. Ne fais rien d’insensé.

     

    Ah il me lâchait comme ça d’un coup ! Sympa !

     

    Malgré mon indignation intérieure, je souris et répondis calmement.

      -Pas de problème.

      - Change-toi les idées. Détends-toi. Va à la plage. Conseilla-t-il. Ce n’est pas très bon de t’enfermer en ruminant cette affaire.

     

    Je haussai les épaules.

      -Si tu le dis. Je trouverais un coin à l’ombre pour ne pas cramer.

     

    A l’ombre d’une certaine usine… A défaut de piste fiable, je pouvais toujours enquêter sur ce qu’il restait.


     

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