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Chapitre 6 :Kaelle en prison
C'est parti pour le chapitre 6 ! A l'heure actuelle, j'en suis encore à taper le chapitre 13, mais comme les examens sont passés et que je n'ai pas encore une montagne de projets à rendre, je vais tenter d'avancer au maximum pour pouvoir passer à deux chapitres par mois. Je vous tiens au courant !
Yael Naim: New Soul
L’article concernant l’usine qui m’intéressait mentionnait le groupe auquel elle appartenait. La Wolffe Industrie. J’avais déjà entendu parler de ce truc. Dans certains magasins de fringues. Je crois même que j’avais quelques jeans venant de chez eux.
Ca collait avec le fait que l’usine ait été une usine de textiles. Rien à signaler.
Bon, maintenant il restait à voir qui la dirigeait et, pour ça, il fallait que j’utilise internet. J’hésitai entre trouver un cybercafé ou acheter un ordinateur. Avoir mon propre ordinateur serait plus pratique, bien sûr. Mais Eden avait toujours refusé d’en avoir, sous prétexte qu’on devenait trop repérables en l’utilisant. De toutes façons j’étais nulle en informatique alors je pouvais faire une croix dessus.
En fait j’étais nulle en plein de trucs en y repensant bien. C’était déprimant.
Plus je devais me débrouiller par moi-même, plus je me rendais compte qu’Eden nous avait maintenus dans une bulle, nous protégeant du monde extérieur.
Comment Daniel s’était-il réintégré aussi facilement ? Je galérais à trouver un boulot, et encore plus à me décider à prendre un appart. Un truc fixe.
Enfin, Daniel avait peut-être une vie avant Eden. Moi je n’avais… Non, il fallait plus y penser. Plus jamais.
Enfin bref. Il fallait que je trouve un cyber café.
Le téléphone d’Eden avait une fonction de recherche. Ce qui était très pratique quand on cherchait l’antre de la prochaine cible. Je n’avais jamais été vraiment convaincue jusqu’à récemment. Pour moi, un téléphone, ça téléphonait et envoyait des SMS. Point. Mais j’en avais découvert l’aspect pratique à la mort de mon ex patronne.
Ça ne veut pas dire que j’ai changé mon téléphone depuis, hein. J’ai toujours une antiquité qui remplit à merveilles ses fonctions basiques. De toute façon, à part chercher du boulot, je foutais rien depuis des mois. J’avais ni besoin d’un téléphone ultra sophistiqué, ni même d’un ordinateur. Jusqu’à maintenant.
Trouver le cyber café fut facile. Demander ce que je voulais une fois à l’intérieur le fut moins. Je bafouillai comme une vieille qui découvrait la technologie :
-Je veux aller sur internet.
Ce qui était logique, vu où je me trouvais.
Hé, une minute !...... Kaelle t’es trop conne.
Je sortis sans dire au revoir. J’avais trop honte. Le téléphone d’Eden… Il avait internet ! Après deux trois manipulations je trouvai le… la… internet quoi. L’écran était petit mais je me débrouillais pas mal avec le tactile. Bon, par contre j’avais l’air d’une conne plantée comme ça au beau milieu de la rue. Je regardai à droite et à gauche avant de trouver un bar où m’asseoir. Le serveur me sauta dessus immédiatement et posa la carte de telle sorte que je ne manque pas de voir les glaces hyper appétissantes qu’elle proposait. Bon, il n’y a pas de mal à me laisser tenter, hein. Surtout quand c’était un super mélange de glace à la menthe et au chocolat.
Et puis pourquoi pas un café, tiens.
Alors, cette usine… En tapant « usine » « explosion » « Wolffe industrie » et « Sunset bay », je trouvai une liste d’articles à ce sujet. C’était magique internet.
La glace menthe-chocolat en face de moi l’était encore plus.
Avant même d’avoir pu la terminer, je trouvai le nom de la personne qui avait été arrêtée. Un truand apparemment. Un bouc émissaire parfait quoi (On ne dit pas plutôt « bouquet mystère » ? ). Surtout qu’avec tout ce qu’on lui avait rajouté sur le dos, il devait sûrement encore être en prison. Et si je lui faisais une petite visite ?
Je goutai au café et grimaçai. Il était très fort et pas sucré. C’était parfait.
Cherchez pas à comprendre, moi-même je sais pas pourquoi je l’aime infâme comme ça.
Je bus une seconde gorgée, et une chose évidente me sauta à la figure. Le téléphone d’Eden. Avait. Internet. Eden est morte depuis des mois.
Qui payait l’abonnement alors ?
Cette seule question me refroidit d’un coup. Est-ce que cette personne savait qu’Eden était morte ? Non, sinon elle ne continuerait pas à payer un abonnement dans le vide. A moins que… Non, je devenais parano. On ne pouvait pas l’avoir fait pour moi. Personne ne savait que j’avais récupéré ce téléphone à part Daniel et Venditchatche.
Daniel… Et si… Non… Mais si… Mais nooooon. Il ne pouvait pas transférer un abonnement en ayant coupé les ponts avec Eden ! A moins que ce que Vendini la tchatche avait dit soit vrai. Il se la tapait. Le salaud ! A moins que ce soit notre pote aux yeux blancs qui soit derrière tout ça. Il parlait beaucoup trop pour ne rien dire et savait déjà que j’étais plus avec Eden lors de notre seconde rencontre. Peut-être même à l’entretien d’embauche !
Je m’occuperais de cette affaire après. Pour le moment j’avais un prisonnier à interroger. Tiens d’ailleurs comment j’y allais au fait ? Il y avait des bus ? Avec des gens… des tas de gens dedans… Qui se colleraient à moi… Je vais prendre un taxi.
Je manquai d’oublier de régler mon café et ma glace, mais une fois que ce fut fait, je me précipitai dans le premier taxi arrêté. Et me rendis compte après avoir fermé la porte qu’il y avait déjà quelqu’un dedans. Un blond en costume. C’était pas Daniel, mais il était tout aussi classe. Sauf qu’on aurait presque dit qu’il était né avec un costume tellement ça faisait cool et naturel sur lui. Et puis il était pas trop dégueu. Avec des putains de beaux yeux bleus. Le genre qui doit ramener une fille tous les soirs. Sale pervers.
C’est pas tout, mais il faut que je sorte de ce taxi du coup. Fait chier.
-Aaaattendez !
J’avais déjà une jambe dehors et je dus me tordre pour regarder l’inconnu classe.
- Ca ne me dérange pas de partager ce taxi. Vous allez où ?
Je beuguai complètement devant sa demande et son sourire sincère. J’allais vraiment lui dire que j’allais en prison du coup ?
-Euh… Archgate…
-C’est sur mon chemin. Venez.
Allez savoir pourquoi, j’ai remballé ma jambe dans cette voiture et attaché ma ceinture. En plus il risquait de me causer sur tout le chemin, alors que je n’avais aucune envie de parler.
Enfin, par chance, il resta silencieux jusqu’à ce que je descende la première, à la prison d’Archgate. Rien que le nom de ce truc me donnait des sueurs froides. Je suis sûre qu’il y avait une place pour moi. Depuis des années. Bien avant ma rencontre avec Eden.
Je déglutis et attendis que le taxi parte pour avancer d’un pas incertain.
Laaaapinou, gentil lapinou
Laaapinou je te crèverai.
Ta gueule Lucy.
Bon, une fois rentrée, où est ce qu’il faut aller pour demander les visites ?
Je te crèverai la tête
Je te crèverai la tête
Les battements trop rapides de mon cœur rythmaient la comptine de Lucy, et je savais que je ne tarderais pas à la voir si je continuais à stresser autant.
Tiens, ça ressemble à un bureau d’accueil. Enfin euh … ouais. Vite fait hein.
-Bonjour. Tentais-je.
Le bouledogue femelle leva les yeux de son sudoku.
-J’peux vous aider ?
Et la tête
Et la tête
Laaaaapinou
-Je voudrais rendre visite à un détenu, euhhhh.
Merde comment il s’appelait déjà ? Je jetai un œil au téléphone d’Eden. Ah oui, c’était ça.
-Patrick Graham. C’est possible ?
-Remplissez ça. Grogna-t-elle en sortant un formulaire de sous son bureau.
Okkkk…. Et j’écris avec quoi ? Mon sang ? Ah non, les stylos sont dans un coin au fond de la salle.
Aaaaalors : nom… Je faillis avoir le réflexe d’y mettre un faux nom. Et puis je me rappelai que j’en avais déjà un.
Nom : Ronaut
Prénom : Hélène
Date de naissance : 18/08/1988
Merde, c’est bientôt mon anniversaire ! Oh et puis rien à foutre. C’était pas terrible de fêter son anniversaire toute seule. Peut-être faire la tournée des bars. Peut-être. Je n’avais pas trop bu depuis la mort d’Eden. Trop peur de dire des trucs compromettants une fois bourrée. Trop peur de faire ressurgir l’Autre aussi.
Bref, je donnai le formulaire rempli à la euh… secrétaire qui survola rapidement la feuille avant de me montrer les sièges d’un signe de tête. Ou plutôt un signe de bourrelet.
-On vous appellera.
Je comptai rapidement les personnes qui attendaient déjà et en conclus que je verrais mon détenu demain matin.
Beaucoup d’entre elles étaient d’origine étrangère. Après il y avait un petit maigre tout moche, une belle fausse rousse, trois mafieux en costume, et un gros tatoué. Ce dernier me fit comprendre du regard qu’il valait mieux arrêter de les observer, si je voulais rester en un seul morceau.
Il me fallait vraiment un flingue. J’en avais ras le bol d’être faible comme ça.
Le gros tatoué me regardait bizarrement maintenant. De manière très explicite. Je me sentais encore plus mal à l’aise.
Laaaapinou, gentil lapinou
Laaapinou je te crèverai.
Il caressa discrètement son entrejambe en passant la langue sur ses lèvres. La chaleur de la pièce avait soudainement augmenté et tout commençait à tournoyer peu à peu.
Je te crèverai les yeux
Je te crèverai GROS PORC !
-Le numéro 230. Appela une voix froide.
Ses yeux se détournèrent de moi et il se leva pour suivre la personne qui l’avait appelée. Je me sentais mieux maintenant.
Observer une salle d’attente en prison était une très mauvaise idée. Observons plutôt la déco.
Je ne m’intéressais jamais vraiment aux détails. Les faits étaient toujours plus importants. Mais bon, là j’avais sans doute une journée complète à tuer dans cette pièce.
A tuer. En prison. Ok, c’était nul comme jeu de mot.
Bref. La pièce était peinte en vert. Vert bouteille. Pas terrible comme choix. Le sol était carrelé et composait une série de motifs…. Carrés. Bleus, gris et jaunes. C’était toujours pas terrible. Les chaises étaient banales, pas confortables, sans doute achetées en lot dans une boutique discount. Au plafond, l’ampoule était encadrée d’hélices qui brassaient de l’air chaud et donnait à la pièce l’air d’un hélicoptère, avec l’extérieur construit à l’intérieur. Glauque.
-239.
Ah, c’était moi ça ! Ah oui, tout le monde était passé et avait été remplacé par d’autres.
Je me levai et résistai à l’envie de masser mes fesses douloureuses et sans doute marquées par la chaise. Pas devant les gens.
Je sentis mon cœur bondir lorsqu’on examina ma carte d’identité un peu trop longtemps, mais finalement passai à l’étape suivante. Je vidai mes poches, réussi avec succès l’épreuve du détecteur de métaux, et finalement me retrouvai de nouveau assise sur une de leur chaise de la mort.
Le mec que je devais voir, et dont j’avais, tout naturellement, oublié le nom, avait la tête du truand de base. D’un boucher mi…bouc…bouquet mystère. Un stéréotype quoi. Sans doute iranien, mince, avec des yeux de fouine, et un nez tordu à force d’être cassé. J’ai rien contre les iraniens, hein, mais on en avait eu un dans l’équipe avant, et les gens étaient tellement racistes qu’il avait dû se spécialiser dans la diversion. Il n’avait jamais eu à faire grand-chose pour ça. Juste à être là. Pourtant c’était un chouette type. Super sympa. Je ne pense pas qu’il aurait trahi Eden d’ailleurs.
Dommage qu’il se soit fait descendre. Un groupe de méga racistes. Armé. La meilleure diversion qu’il nous ait fournie. Tout le monde était occupé à regarder son cadavre comme s’il s’agissait d’une animation de foire pendant qu’on descendait je sais plus qui dans le bâtiment d’en face. Le pire c’est que les flics ont félicité ses assassins. Genre il avait l’air suspect et faisait sans doute partie d’un groupe terroriste.
Ça me faisait gerber ces trucs.
Instinctivement, je me mis à éprouver de la pitié pour le mec en face de moi. C’était juste une victime. Bon, ok, une victime avec un casier bien chargé. Mais qui n’avait pas fait exploser l’usine de textiles.
J’ouvris la bouche. Merde. Qu’est-ce que je pouvais bien lui demander en premier ? Comment aborder le sujet ?
-J’te connais pas toi. Commença-t-il. T’es flic ?
-Nan. Mais je m’intéresse à l’usine que t’as soit disant fait exploser.
Il se redressa, intéressé.
-J’l’ai pas fait exploser.
-Je sais.
-Alors pourquoi t’es ici ?
-Tu sais quoi sur ce qu’on trafiquait là-bas ? Pourquoi ils t’ont accusé toi en particulier ?
Il recula et croisa les bras.
-J’en sais rien.
-On te fout en taule et tu défends les mecs qui t’ont fait porter le chapeau. Je comprends pourquoi ils t’ont choisi. T’es trop con pour voir que tu pourrais les couler comme ça.
Je claquai des doigts, et le fixai droit dans les yeux dans l’espoir qu’il craque.
-Je sais que vous blanchissiez de l’argent dedans. D’où venait cet argent ?
-On me tuera si je parle.
-J’te dirais bien que je te tuerais si tu parles pas. Mais je vais choisir une alternative plus probable. Je tuerais ton boss si tu parles.
-Tu bluffe.
- J’ai l’air de bluffer ?
Visiblement non, puisque son visage se transforma progressivement. Un sourire s’étira sur ses lèvres gercées et une vague lueur traversa son regard.
-Il s’appelle Antonio Vendini.
Ben voyons ! Je pouvais pas tomber sur pire ! Enfin, c’était quand même bizarre.
- Je savais pas que Vendini travaillait pour la Wolffe Industrie.
-Il fait pression sur son patron pour servir ses intérêts.
-Pourquoi avoir fait sauter l’usine ?
-Aucune idée. Je suis pas au courant de tout. J’étais qu’un employé de Monsieur Wolffe.
Je réfléchis quelques instants.
-Et il travaille toujours pour Vendini ?
-J’sais pas.
Machin était de plus en plus nerveux.
-T’es sûre que tu vas le descendre ?
-Quoi ? C’est parce que je suis une femme que t’as des doutes ? Grondais-je.
-T’as pas l’air d’avoir les couilles de le faire. Avoua-t-il.
Et tout à l’heure alors ? Ce mec était amnésique ou quoi ?!
J’ouvris la bouche et hésitai. Il valait mieux ne pas me vanter. Il pouvait très bien me balancer aux flics contre sa liberté. Peut-être que son but était de me faire parler justement.
- Rien à foutre que tu me croies pas. De toute façon, j’ai eu ce que je voulais. Conclus-je en me levant.
Ciao Bidule.
Je récupérai mes affaires et traversai le bâtiment cent fois plus vite qu’à l’aller. Cette prison était angoissante. Il fallait que j’en sorte au plus vite.
Une fois à l’air libre, je cherchai rapidement le numéro d’un taxi sur mon téléphone… euh, celui d’Eden, et levai les yeux.
Je sentis le sang quitter mon visage et mes genoux s’affaiblir légèrement. Il était là. Le gros tatoué.
Je n’avais plus de souffle et la voix nasillarde de Lucy commençait à me parvenir. Il fallait que je me calme.
Je fermai les yeux quelques secondes en soufflant doucement.
Lorsque je les rouvris, l’homme avait disparu. Etrange.
Bon, c’est pas tout ça, mais j’avais un taxi à prendre moi.
Quelques minutes plus tard, je m’affalai sur la banquette arrière d’une voiture, et somnolai jusqu’à mon hôtel.
Demain, je devrais de nouveau changer d’hôtel. Histoire d’éviter de me faire repérer. Je devrais peut être me débarrasser de quelques affaires. Voyager le plus léger possible.
Et peut-être tester des hôtels de luxe. Après tout c’est Daniel qui fournissait le fric.
… Et peut-être qu’il serait moins facile d’entrer dans ma chambre pour poser des dossiers sur mon lit… Qu’est-ce que c’était que ce bordel encore ? Daniel ? Il pouvait pas m’appeler ? Monsieur la Tchatche ? Déjà que j’avais autant envie de le voir que de choper une gastro, alors s’il prenait de l’avance, là, ça n’allait pas du tout !
Je m’assis sur le rebord du matelas et observai le dossier. Neutre. Avec rien écrit dessus. OOOOOkkkay. Le contenu, par contre, était beaucoup plus intéressant. Je mis un peu de temps avant de comprendre ce dont il s’agissait mais une fois que tous les morceaux furent assemblés, tout était évident. Enfin, presque.
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